Episode 8 : Le passage.

Roswell.

Épisode 8: Le passage.


(Going through the path.)


-Il y a eu un accident, dit Valenti. Max est… Max est mort !

Les yeux embrumés, Liz s’écroula. Elle le savait. Elle savait que ça allait arriver. Elle aurait du l’empêcher de partir. Elle aurait du faire quelque chose. Ses amis voulurent la réconforter. Mais Liz se dégagea. Elle courut, en pleurs, s’enfermer dans sa chambre…


Max ouvrit les yeux, une douleur atroce lui traversant les tempes. Il jeta un rapide coup d’œil. Tout était blanc autour de lui. Il baignait dans une étrange lumière blanche.

-Où suis-je, demanda-t-il.
-Là est la question que chacun se pose en arrivant.

Max regarda tout autour de lui. Il essaya de repérer d’où venait la voix. Mais il n’y avait personne. Tout autour de lui, il n’y avait que du vide, du blanc…

-Et quelle en est la réponse ?
-La réponse est différente pour chaque être qui passe par ici. Vous êtes la où s’entrecroisent les deux chemins.
-Je ne comprends pas.

La voix se tu un instant. Max ne cessait de se tourner dans tout les sens. Il avait beau avancer, reculer, rien de solide ne s’offrait à lui. Il était désespérément seul. Après un silence pesant, la voix reprit son discours d’une voix calme et posée.

-Vous êtes entre le chemin de la vie et le destin funeste de la mort. À vous maintenant de choisir où se trouve votre avenir.
-Dans la vie. C’est certain.
-Ce n’est pas votre heure, Max, je vous rassure. Mais dans quelle vie se trouve votre avenir ?

Max voulut répondre mais ne su que dire. Il ne comprenait toujours pas de quoi cette voix voulait parler. Quel était cet étrange univers blanc ? Et que faisait-il là ? Il n’était pas à sa place. Il n’était donc pas mort. Mais alors, où était-il ?

-Suivez moi, Max, murmura la voix.

Max parut hésitant. Il ne voulait pas suivre une voix qui lui paraissait bien irréelle. Il ne bougea pas.

-Je vais vous montrer quelque chose.

Ne sachant si c’était la meilleure solution, se laissa guider par cette voix. Il avança à pas feutré dans cet univers différent de celui qu’il avait toujours connu. Des milliers de questions lui traversaient la tête. Max n’arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait.


Isabel était restée avec Kyle dans la cuisine tandis que Michael tentait de parler à Liz. Elle n’arrivait pas à croire que son frère était mort. Le shérif était déjà repartit. Son service était terminé. Il allait maintenant devoir annoncer la nouvelle à Tess. Au crashdown, Isabel craquait. Elle pleurait, encore et encore, interminablement.
Et dans la chambre à l’étage, c’était encore pire. Liz se sentait responsable. Elle le savait. Elle savait que ça allait se produire. Pourquoi n’avait-elle rien fait ? Pourquoi n’avait-elle rien dit ? Elle aurait du ! Cela faisait plus de trente minutes que Michael était planté devant sa porte. Elle refusait de le laisser entrer. Il aurait pu utiliser ses pouvoirs. Mais il savait que Liz n’aurait pas apprécié. Néanmoins, il insistait toujours fortement afin de pouvoir entrer. Elle finit par céder.

-Liz, murmura-t-il en entrant dans la pièce.

Elle était allongée de tout son long sur son lit. Michael pouvait sentir toute sa douleur. Et il la comprenait. Lui aussi ressentait cette même peine intense. Max était comment un frère pour lui. Max était la seule famille qu’il ait jamais eue.

-Liz, soupira-t-il les yeux, lui aussi, humides.

Il s’approcha un peu plus d’elle et s’assit au côté de son amie. Il posa une main réconfortante sur son épaule ne sachant si il était convenable ou non de la prendre dans ses bras.

-Max connaissait le danger qu’il courrait. Ce n’est pas ta faute. Il ne voudrait pas que tu t’en veuilles pour ça.
-C’est dur, Michael.
-Je sais, murmura-t-il.

Elle se releva légèrement et ce fut elle qui prit l’initiative de se coller contre lui. Elle pleura encore plus fort. Et le jeune alien lui-même laissa échapper quelques larmes.

-Je n’arrive pas à y croire, poursuivit-il. Je ne réalise pas encore que je n’entendrai plus jamais sa voix me dire « Michael arrête ça » ou bien « Michael, sois sérieux ».

Le jeune homme sourit à cette pensée. Le souvenir de Max avait envahi son esprit. Il était encor si proche de lui. Max, monsieur responsabilité, son meilleur ami, était parti. Non ! Il se refusait d’y croire. À son tour, Michael laissa ses pleurs s’accentuer.

-Il va me manquer, plus que tu ne pourrais l’imaginer.

Et il pleura, lui aussi, dans les bras de Liz. Elle le comprenait, car elle ressentait la même chose. Michael resserra son étreinte autour de Liz. Ils avaient tout les deux besoin de cette amitié qu’était la leur. Depuis qu’il avait emménagé, leur relation amicale s’était développée et aujourd’hui, ils en avaient bien besoin.


Baignant toujours dans cette lumière blanche, Max suivait encore la voix qui lui disait d’avancer. Il avait l’impression de faire des kilomètres à l’aveuglette. Aucun de ses pas ne semblait le mener bien loin. Il ne pouvait pas dire depuis combien de temps il déambulait dans cet étrange univers. Il lui semblait que cela faisait des jours entiers.

-Nous sommes tout proche, annonça soudain la voix.

Max, dont la tête dodelinait précédemment, retrouva soudain des forces. Ses yeux s’ouvrir plus grand. Il s’apprêtait à voir quelque chose, bien qu’ignorant de quoi il pouvait s’agir. Il fit encore quelques pas dans le vide puis la voix cria :

-STOP !

Max s’arrêta d’un coup. Il jeta un coup d’œil autour de lui. Il n’avait nullement l’impression d’être arriver quelque part. Que du contraire. Il avait toujours l’impression d’errer au milieu de nulle part.

-Où suis-je à présent ?
-Toujours entre vie et mort mais là où vous pourrez voir la vérité.

Max commençait à en avoir assez. Cette voix devenait agaçante. Elle ne parlait que par énigme, occultant ce qu’il était vraiment désireux de connaître. Il ne comprenait rien à ces détours de paroles.

-Pourriez-vous être plus précis ? s’énerva-t-il.
-Max, Je vais t’offrir un choix.

La voix sembla se faire plus proche. Max chercha immédiatement à voir le visage de celui qui lui parlait. Mais ses espoirs furent vite déçus. Il était désespérément seul.

-Quel genre de choix ?
-Le choix de conserver ce qui fait de toi ce que tu es…
-Arrêtez, hurla-t-il.

Sa voix s’était faite plus forte que celle de son interlocuteur. Il ne supportait plus de jouer aux devinettes avec une personne qui ne se révélait pas à ses yeux.

- Parlez moi clairement, sans détour, ordonna Max.

La voix se tu quelques instants. Max crut l’avoir vexer. Durant le court et silencieux intermède, l’alien se surprit à réfléchir.

-Et bien, reprit alors la voix. Tu n’es peut-être finalement pas encore prêt pour te voir proposer ce choix.
-Quoi ? s’offusqua Max.

Il n’allait pas devoir attendre encore ? Il avait déjà assez attendu comme ça. Depuis combien de temps était-il là ? Où étaient ses amis en ce moment même ? Où était Liz ?

-Je reviendrai lorsque tu seras prêt.
-Non, attendez ! Je veux rentrer chez moi. Je veux voir Liz. Alors revenez et faites moi votre proposition !

Max s’était rendu le plus impératif possible. Mais la voix ne lui répondit pas. L’adolescent, impuissant face à la situation qui l’emprisonnait, s’assit puis s’allongea. Aucun mur ne pouvait retenir son dos. Il était seul dans un monde blanc. Il ferma les yeux et s’endormit.


Le shérif Valenti gara doucement sa voiture dans son allée enneigée. Les flocons ne tombaient plus du ciel mais la route était toute blanche. La nuit avait fait son apparition. Quelques lumières éclairaient légèrement l’entrée de la maison du shérif. Valenti arriva devant le pas de la porte. La clef tourna dans la serrure. Tess était attablée. Elle attendait impatiemment le shérif à la table.

-Enfin vous êtes là, dit-elle. Vous auriez du être de retour depuis plus d’une heure déjà.
-Il y a eu un accident de la route.

Tess haussa hautainement les épaules. Qu’est ce que ça pouvait bien lui faire qu’un humain sans cervelle ait eu un accident ? Elle se leva et commença à déambuler dans la pièce.

-J’ai été appelé d’urgence sur les lieux, poursuivit Valenti. Un camion est rentré en collision avec une voiture. Le conducteur du véhicule ne s’en est pas sorti.

Valenti parlait lentement et de manière saccadé. Il cherchait ses mots. Il était rouge et avait du mal à respirer. À nouveau, son chapeau était torturé par ses doigts.

-Les humains, continua Tess. Tous des imbéciles. Conduire par temps de neige. Voilà une idée typiquement humaine.

Le shérif déglutit avec difficulté. Il s’approcha doucement, pas à pas, ne sachant trop comment abordé le sujet.

-La voiture dont le conducteur a été tué, ajouta Valenti, est un Jeep de couleur brune, année…
-Pourquoi vous me dites ça ? Si c’est pour vous justifier, ce n’est pas la peine. Votre petit retard est déjà oublié.

Tess se leva et fit mine de se rendre dans sa chambre. Mais Valenti la retint. Le shérif respira profondément.

-Tess, ce que j’essaie de te dire c’est que… le conducteur de la jeep… C’était Max.
-Quoi ? s’arrêta-t-elle net.

Elle ne se retourna pas tout de suite. Elle essayait d’assimiler ce qu’elle venait d’entendre. Elle tourna doucement la tête vers Jim Valenti.

-Vous êtes en train de me dire que Max est mort ?
-Je suis désolé, dit-il en baissant la tête.
-Non ! Ce n’est pas possible… Ça ne se peut pas…

Valenti cru entrevoir un éclair d’humanité passé dans les yeux de la jeune fille. Au fond, peut-être avait-elle réellement un cœur. Peut-être tenait-elle réellement à Max ?

-On ne meurt pas. Pas comme ça. Max n’est pas mort. Ce n’est pas possible. Ça ne devait pas se passer comme ça.

Le shérif retira tout ce qu’il avait pensé. Cette fille ne pensait vraiment qu’à elle ou à leur destinée. « Ne changera-t-elle donc jamais ? ». Valenti se demanda même un instant si Tess avait une âme au fond de se cœur d’alien. Elle n’était même pas touchée sentimentalement par la disparition de celui qui avait été son mari.



Max se réveilla enfin. Combien de temps avait-il dormi ? Il n’en savait rien. Deux heures, peut-être trois. Sous ses mains, ce n’était plus la même surface dure qu’il touchait lorsqu’il s’était endormi. Il tâta un moment, et reconnut son lit. Il jeta un coup d’œil tout autour de lui. Tout était différent. Le décor blanc avait complètement disparu. Max reconnut alors sa chambre, son bureau, ses posters. Il était couché dans ses propres draps, chez lui. Isabel ouvrit alors la porte, elle s’assit sur le lit, à coté de son frère et entonna d’un air jovial :

-Debout Max. Tu ne crois pas qu’il est l’heure de te lever ?
-Où est-ce que je suis ?

Isabel sourit un instant. Elle rit en elle-même. Son frère avait parfois de drôle de question lorsqu’il était mal réveillé. Isabel le regarda bizarrement. Elle fronça les sourcils.

-Là où tu t’es couché hier soir, dans ton lit. Allez lève toi. On a rendez-vous avec Michael au crashdown. S’il arrive à échapper aux corvées que Hank lui impose. Il exagère tout de même. Il faudrait faire quelque chose pour lui.

Isabel se releva. Elle fit quelques pas dans la chambre de son frère. Celui-ci avait l’air complètement abasourdi. Avait-il bien entendu ?

-Hank ? s’étonna Max. Michael vit au crashdown avec Liz.
-Où tu vas chercher ça toi ? Depuis la mort des parents de Liz l’année dernière, les habitations au dessus du crashdown sont inhabitées. Et puis Liz vit ici, tu te souviens ?

Max plissa les yeux comme pour essayer de se souvenir. Mais il avait beau faire, pour lui Michael vivait bien avec Liz au dessus du Crashdown. Il secoua la tête. Où était-il ?

-Max, tu es sûr que tu vas bien ? Tu as l’air tout pale.
-Quel jour sommes nous ? demanda-t-il.
-Nous sommes le 18 septembre.

Il tourna vivement la tête vers sa sœur, le regard reflétant toute sa surprise. Il resta immobile, quelques instants. « Je… je suis remonté dans le temps. » pensa-t-il.






Maria entra dans la chambre de Liz. Elle pleurait, elle aussi. Mais celle-ci était surtout triste pour son amie. Elle n’osait pas imaginer ce qu’elle ressentait en ce moment.

-Je suis désolée, dit-elle. Je viens de l’apprendre. C’est vraiment horrible.

Elle plaça les mains en croix sur son cœur. Elle s’approcha doucement de son amie et vint s’asseoir au coté de Liz. Elle posa amicalement une main sur son épaule.

-Tu n’écris pas sur ta terrasse ? D’habitude tu écris toujours sur…
-C’est là qu’on s’est embrassé pour la première fois, l’interrompit Liz.

Elle soupira. Elle passa une main sur son visage afin d’essuyer les larmes qui y coulaient toujours. Elle prit une grand bouffée d’air.

- C’est encore trop tôt. Le moindre mot, chaque endroit, tout me rappelle Max.
-C’est dur je sais.

Liz renifla tentant tant bien que mal de ne pas laisser échapper les seules larmes qui n’avaient pas encore réussi à s’échouer sur ses joues. En vain… elle avait beau faire des efforts, elle ne s’arrêtait pas.

-Le pire, c’est que parfois, j’ai l’impression qu’il toujours en vie et qu’il va revenir, passer la porte du crashdown et murmurer « Liz » comme il avait l’habitude de le faire.

Se souvenir douloureux ramena Liz à la triste réalité. Non, cela n’arriverait plus jamais. Max Evans était parti pour de bon maintenant. Liz se remit à pleurer.

-C’est le début, c’est le plus dur. Avec le temps la peine s’atténue ; mais jamais elle ne disparaît complètement.
-C’est gentil d’être là Maria, soupira Liz. Mais j’aurais besoin d’être un peu seule.
-Bien.

Maria se leva. Elle comprenait que Liz ait besoin d’être seule. Elle se demandait comment celle-ci arrivait à tenir le coup avant tant d’aplomb. Si quelque chose de semblable lui était arrivé, à elle, elle serait probablement tombée en dépression. Le départ de Billy lui avait d’ailleurs suffit. Elle se sentit soudain faible par rapport à Liz. Lorsqu’elle sortit en silence de la chambre, elle tomba nez à nez avec Michael.

-Comment va-t-elle ? demanda-t-il.
-Pas très bien. Elle a besoin d’être seule. Et toi tu tiens le coup ?
-C’est difficile…

Il fixa un instant le sol sans trop osant relever les yeux sur Maria. Il pouvait parfaitement deviner son air triste, et ses petits yeux encore humides. Si il l’apercevait, il ne pourrait s’empêcher de vouloir la consoler. Il tourna donc les talons et voulut redescendre.

-Michael attend. Je sais que ce n’est pas le moment mais… je veux dire que… entre nous… après ce que tu as dit hier…

Le jeune homme soupira. Il ne voulait pas lui répéter tout ce qui lu avait dit. Il savait que ça l’avait fait souffrir. Et ce n’était vraiment pas le moment d’en rajouter.

-Maria, je tiens beaucoup à toi.

Déjà ces quelques mots, brisèrent Maria. Il l’avait parfaitement senti. Elle était comme un livre ouvert pour lui.

-Mais je ne voudrais pas qu’un jour il t’arrive la même chose qu’à Liz. Si on reste ensemble, c’est inévitable, ça arrivera.

Il baissa la tête comme pour s’excuser de ce qu’il était en train de dire. Les yeux de Maria s’embrumèrent.

-Je maintiens ce que je t’ai dit hier. Je vais essayer de ne plus interférer dans ta vie.

À nouveau, il partit laissant Maria seule avec son désarrois. Elle quitta le restaurant le cœur en peine. Michael venait de rompre officiellement avec elle. Il l’avait laissé tomber pour des raisons que Maria n’estimait pas du tout valables. Elle savait dans quoi elle s’engageait. Michael était triste. Il venait de perdre Max et Maria dans la même journée… Il ne voulait pas qu’elle souffre plus tard à cause de lui. Mais pour le moment, ils étaient malheureusement deux à souffrir.[/i]

Max s’était rapidement habillé toujours en se demandant pourquoi il avait fait un bond dans le passé. Cela ne collait pas. Quelque chose n’était pas logique. Quel intérêt avait-il à remonter le temps ? Au détour d’un couloir de sa maison, il croisa Liz.

-Max, salut.

Elle était rayonnante. Elle souriait. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vue avec un tel sourire sur les lèvres. Il devait la regarder intensément parce qu’elle posa sur lui un œil interrogateur.

-Hey, tu vas bien ?

Elle passa sa main devant ses yeux. Il avait l’air totalement hypnotisé. Il sortit un moment de son état second et bafouilla quelque chose comme « Oui, ça va ».

- Je suis pressée, s’excusa-t-elle. On doit prendre notre service au crashdown. On se voit tout à l’heure.

Et Liz s’éloigna d’un pas léger. Max la suivit du regard. Elle n’avait fait que passer mais il en avait tout de même eu l’estomac noué. Il la regarda descendre les escaliers les yeux pleins d’étoiles.

-Max, l’interpella Isabel. Je vois dans tes yeux l’étincelle de l’amour.

Max rougit. Il se rappelait très bien que, à l’origine, Isabel n’avait jamais été en faveur de cette relation entre lui et Liz. Pourtant, sa sœur semblait sourire de cette situation.

-Tu devrais lui demander si elle veut sortir avec toi, affirma Isabel. Elle aussi en pince pour toi. Ça se voit.

Max se souvenait qu’à l’époque où il était, lui et Liz n’était pas encore ensemble et que, en toute logique, il devait être encore avec Tess. À cette époque là, Isabel, comme les deux autres, n’aimaient pas beaucoup que Liz soit proche de lui. La réaction de sa sœur n’avait donc rien de logique. Elle aurait du tenter de l’en dissuader.

-Tu es sérieuse ? s’enquit-il. Ça ne te dérangerait pas si je sortais avec elle ?
-Non pourquoi ? répondit simplement Isabel.

Les yeux de Max s’écarquillèrent. Qu’avait-il pu se passer pour qu’une telle chose se produise ? Isabel ne lui conseillait pas de rester avec sa petite amie attitrée et qui plus est, représentait sa destinée…

-Parce que cela impliquerait que je devrais tout lui dire, poursuivit Max, lui révéler tout à notre sujet.
-Liz sait très bien qu’on a été adopté.
-Je parle de notre autre origine, se défendit-il.

Ce fut au tour d’Isabel de ne pas comprendre son frère. Elle ouvrait les mêmes yeux que lui quelques secondes plus tôt. Elle ne semblait pas voir où il voulait en venir.

-Max, de quoi tu parles ? s’étonna Isabel.
-Je parle de notre différence à toi, moi, Michael et Tess.
-Tess ? Tu veux dire LA Tess qui te harcèle sans cesse pour que tu sortes avec elle ?
-Quoi ?

Isabel se recula de son frère. Elle ne le reconnaissait plus. Max la dévisagea. Il savait très bien qu’elle tentait de le deviner. Mais il n’arrivait pas à sentir ce qu’elle ressentait.

-Je te trouve bizarre, murmura-t-elle en descendant à la cuisine.

« Mais où suis-je donc ? » pensa-t-il à nouveau. Il rejoint sa sœur dans la cuisine où ils commencèrent à déjeuner, dans un silence de mort.


Le matin avait déjà pointé le bout de son nez. La ville de Roswell s’éveillait à peine. Pourtant, chez les Parker, une jeune fille brune ne dormait déjà plus. Elle était prête, habillée, et avait un but précis dans la tête.

Liz passa en coup de vent dans le crashdown. Kyle et Isabel n’avaient pas bougé. Ils avaient passé toute la nuit à discuter dans la cuisine. La jeune fille en avait bien besoin. Le fils de shérif n’avait pas refusé. Il savait que cela lui faisait du bien. Quand Liz déboula comme une furie, ils la virent à peine passer.

-Liz, où vas-tu, demanda Isabel.

Elle poussa violemment la porte avant de s’arrêter pour répondre. Elle se retourna vers Isabel.

-Chez River Dog. Dites le à Michael si vous le voyez.
-Liz, il fait à peine jour et puis comment vas-tu y aller ?
-J’ai appelé Maria. Elle passe me prendre.

Ils ne purent plus rien ajouter. Elle était déjà partie, ayant passé les portes du Crashdown. Kyle soupira. Lui qui était resté toute la nuit pour soutenir Isabel commençait à sentir la fatigue tomber.

-Quelle furie, fit remarquer Isabel.

Kyle avait commencé à se mordiller le bout des doigts, comme il le faisait généralement lorsqu’il était sur les nerfs. Il n’allait pas flancher maintenant. Isabel se tourna vers lui.

-Tu vas bien ?
-Je te retourne la question.
-Pas trop. Mais j’ai cette impression que Max est toujours là.

Kyle baissa la tête. Il vit à quel point Isabel tenait à son frère. C’est toujours dur de perdre quelqu’un qui nous est cher. On ne sait plus, on est perdu. Il avait ressenti la même chose lorsque sa mère était partie. Elle n’était bien sûr pas morte, mais elle l’avait abandonné. Et aujourd’hui, cela revenait quasiment au même.

-Isabel, dit-il nerveusement. Je…
-Quoi ? Qu’est ce qu’il y a ?

Kyle se rapprocha doucement d’elle. Il ne savait pas si il aurait le courage. Mais il fallait qu’il le prenne. Il prit légèrement les joues d’Isabel entre ses mains. Ils se regardèrent un instant. La jeune fille ne protesta pas. Il posa tendrement ses lèvres contre les sienne. Isabel, surprise, se laissa faire. Alors qu’ils s’embrassaient, Michael entra dans la cuisine.

-J’ai entendu du bruit. Où est L…

Il s’arrêta net quand il vit ce qui se passait juste devant lui. Isabel et Kyle s’embrassaient. Michael n’y crut pas tout de suite.

-Oh, pardon. Je suis désolé. J’ignorais que vous…
-C’est tout neuf, annonça Isabel.

Elle sourit. Kyle baissa la tête tout en souriant également. Michael joignit ses mains qu’il déjoignit ensuite. Il y eu un lourd silence gênant.

-Liz est partie chez River Dog avec Maria, dit Kyle comme pour relancer la discussion.
-Bien…

Michael avait répondu d’un ton tout à fait désinvolte. Cela n’avait en aucun cas aider à alimenter leur conversation.

-Pourquoi fait-elle ça ? demanda alors Isabel.

Michael sauta sur l’occasion pour parler et ainsi leur éviter un autre silence plus que gênant. Il commença son explication.

-Elle veut éviter de déclencher des explosions avec ses pouvoirs, expliqua-t-il.

Il ne trouva pas cette explication suffisante. L’ambiance étant toujours quelque peu tendue, il décida de parler de ce qui Liz – et lui-même – avait ressenti au sujet de leur ami disparu.

-Elle a l’impression que Max est toujours là. Elle va demander des explications au vieil indien.

Michael croisa ses bras sur sa poitrine tout en continuant à réfléchir. Il se passa ensuite une main dans les cheveux.

-Je dois avouer que, moi aussi, je n’ai pas réellement le sentiment qu’il est mort, avoua-t-il. C’est comme s’il flottait encore tout autour de moi.

Il leva la tête et regarda au plafond comme si il espérait voir Max flotter réellement au dessus de sa tête.

-Isabel aussi ressent ça, annonça Kyle. C’est peut-être qu’il est toujours là. C’est une bonne nouvelle ça.
-Ne nous réjouissons pas trop vite.

Michael calma rapidement les ardeurs de Kyle. Celui-ci se contenta de rester muet. Il était certain qui Max n’était pas mort. C’était ce que tout le monde pensait… Ou voulait penser.

- Cependant, évite de prévenir tes parents, dit Michael à Isabel. Il ne faudrait pas les inquiéter pour rien.

Isabel acquiesça. Kyle la prit dans ses bras et la serra contre lui. À ce moment là, la pensée que Maria aurait pu être son réconfort traversa l’esprit de Michael…

-Aidez moi, cria alors une voix.

Ils se retournèrent immédiatement pour voir d’où cela provenait. Quelqu’un voulait entrer dans le crashdown et frappait avec force à la porte. Ils sortirent de la cuisine.

-Aidez moi je vous en supplie. Il y a quelqu’un ? S’il vous plait. J’ai besoin d’aide.

Les cris venaient toujours de l’extérieur du restaurant. Ils reconnurent la voix d’Alex. Celui-ci agrippa la poignée et l’abaissa. Il entra fans le restaurant, toujours suppliant.

-S’il vous plait. J’ai besoin que vous m’aidiez.
-Alex que se passe-t-il ? interrogea Michael.

Alex était en sueur. Il semblait affaibli. Il bafouillait plus qu’autre chose. Ses yeux étaient livides et il avait le teint pale.

-Vous devez m’aider, supplia-t-il. Elle m’a eu… mais je m’en suis sorti. Et je suis là. Alors aidez moi.
-Sois plus précis, s’il te plait, demanda Isabel.

Alex dû encore respiré une ou deux fois avant d’être capable de parler. Il déglutit avec difficultés.

-Je sais tout ce qu’il s’est passé. Nasedo, Tess, Sean. Je sais tout.

Ils échangèrent des regards d’étonnement. Comment Alex pourrait-il savoir quoique ce soit ? Isabel songea un instant qu’il avait perdu la tête à cause de ce qui lui était arrivé. Mais le jeune homme entama rapidement son explication.

-Sean était agent du FBI. Il a enlevé Nasedo. Tess les a retrouvé et elle les a tué, tout les deux !

Le choc ! Ses révélations venaient de jeter un froid. Alex baissa la tête et haleta encore. Michael regarde Isabel d’un air grave.

-Comment tu le sais, demanda Michael.
-Parce que j’ai tout vu, affirma-t-il.

Kyle disparut un moment. Il revint quelques instants plus tard, un verre d’eau à la main. Il le tendit à Alex qui en but une ou deux gorgées.

-Je savais que vous suiviez Sean. Alors quand je l’ai aperçu en ville ce matin-là, je l’ai suivi.

Alex passa sa main sur son front afin d’en essuyer la sueur qui en coulait. Il ne respirait toujours pas calmement.

-Je me suis cachée dans un coin de la pièce. Et j’ai assisté à cette horrible scène.

Il grimaça au souvenir de ce que Tess avait fait à Nasedo ainsi qu’à Sean De Luca. Il toussa un peu.

-Tess a découvert que je savais tout. Elle m’a manipulé pour que j’oublie tout. Quand Max m’a soigné l’autre jour, je me suis souvenu.

Le regard d’Alex se releva et se posa sur les deux extra-terrestres. Il semblait confus, et d’autre part, Michael comme Isabel, pouvaient sentir qu’il se sentait coupable.

-J’ai été la voir ; mais elle a à nouveau usé de son pouvoir sur moi. Mais je me suis libéré. J’ai essayé d’être fort. Je suis venu directement ici.

L’interrogation se lisait sur les visages. Tant de questions traversaient les esprits. Nombres d’énigmes irrésolues, venaient finalement de trouver réponses. Sean était bien l’agent du FBI, comme l’avait cru Maria. Et à présent, ils avaient la preuve que Tess était bien une manipulatrice, cause du problème d’Alex.

-Que fait-on pour elle, demanda Alex.
-Comment faire sans Max ?

Michael baissa la tête tout en répondant à Alex. Celui-ci chercha dans le regard de ses amis une réponse. Mais les yeux de chacun étaient fuyants, distants.

-Sans Max ?

C’est là qu’Alex appris la mort du jeune homme. À son tour, il fut sous le choc. C’était lui le patron, le leader. Qu’allait-il faire de Tess si Max ne leur dictait pas la solution…



Max Evans marchait seul, d’un pas régulier, en direction du crashdown. Il pensait à tout ce qui lui arrivait. Il se demandait à quoi était destiné cette fameuse « épreuve ». Quel était donc ce monde dans lequel on l’avait envoyé ? Tout était si différent. Ici, il était complètement humain. Aucune histoire d’extra-terrestres ou de pouvoirs ni même encore de Tess manipulatrice ne venait obscurcir sa vie. Tout semblait si simple. Était-ce la réalité ? Était-ce cela, le choix qu’il devait faire ? Si c’était le cas, Max renoncerait sans hésiter à ses pouvoirs et à sa nature d’alien. La vie aurait été tellement plus facile, pour lui, comme pour ses proches.

-Max Evans, L’interpella une voix derrière lui. Hey, vieille branche, il me semblait bien t’avoir reconnu.

Max se retourna vivement. Il avait bien cru qu’il s’agissait de lui. Mais quand il aperçut Kyle, son sang ne fit qu’un tour. À l’époque où il se trouvait, le fils du shérif sortait avec Liz et, par conséquent, le détestait. Il lui vouait même une haine indéterminable.

-Alors comment tu vas ?
-Plutôt… bien, répondit Max hésitant.
-Alors, tu t’es enfin jeté à l’eau avec Liz ?

Kyle lui tapa légèrement sur l’épaule. Il lui souriait amicalement. On aurait dit qu’ils se connaissaient depuis un long moment, et même, qu’ils étaient amis.

-Quoi ? s’étonna-t-il.
-Tu lui as demandé pour sortir avec toi ? Elle en meurt d’envie tu sais…
-Je croyais que toi et elle…

Kyle ne pu se retenir d’éclater de rire. Sa main vint à nouveau s’écraser sur l’épaule de Max, dont la tête semblait sur le point d’exploser.

-Tu sais que t’es drôle, Evans. Non, sans rire, il serait temps. Elle risque de s’enfuir si tu ne te lances pas.

Kyle mâchouilla quelques instants son chewing-gum en face de Max. Il l’observa. Puis, sur le coup d’une autre main sur l’épaule, il entama :

-Bon je te laisse. J’espère qu’on se verra à la fête… n’oublie pas ton déguisement.
-La fête ?
-On se retrouve devant la scène si tu veux. Viens avec Liz. On commémorera la date du crash tous ensemble. A plus Max.
-Au revoir… Kyle.

Max était stupéfié, le mot étant faible. Kyle Valenti, le fils du shérif de Roswell l’appréciait. Mais où était-il donc ? Bien sûr, de là où il venait, ses rapports avec Kyle s’étaient amélioré. Néanmoins, ce monde lui plaisait particulièrement. Max était quelqu’un de très populaire, que tout le monde connaissait. Il ne devait pas continuellement de cacher. Pas d’extra-terrestres, pas d’ennuis de police ou de FBI. Rien qu’une petite vie tranquille et normale. Liz l’aimait déjà beaucoup et s’ils sortaient ensemble maintenant, aucun d’eux ne souffriraient.

-Je crois que tu es prêt pour ton choix.

La voix s’était faite entendre d’un ton monocorde. Max leva la tête. Il n’aperçut que le ciel bleu. Il sourit. Il allait enfin pouvoir le faire, ce choix qu’il avait tant souhaité avoir.

Liz et Maria roulaient en direction de la réserve indienne. Il était déjà plus de onze heure du matin. Liz s’en voulait toujours d’avoir laissé Max mourir. Elle se persuadait chaque seconde un peu plus qu’il était en vie, quelque part. L’hypothèse qu’il soit réellement mort lui était insupportable.

-On arrive, déclara Maria qui était au volant de la voiture.

Elle engouffra la petite jeta rouge dans un étroit chemin de terre. Puis s’arrêta devant une petite échoppe. Liz sortit de la voiture et attendit un moment. Elle savait que River Dog avait vu sa venue. Ce pouvoir de vision lui venait de Nasedo…

-C’est moi que vous attendez, lui dit-il en arrivant à ses cotés.

Elle secoua affirmativement la tête. Le vieil indien la dévisagea. Il avait le pouvoir de voir la venue des gens, mais jamais d’en connaître la raison. Il lui tendit la main.

-Suivez-moi jusqu’à la grotte. Vous, seule. Nous y serons mieux pour parler.

Liz fit signe à Maria de rester dans la voiture. Son amie comprit et fut même soulagée de ne pas devoir l’accompagner. Elle n’aimait pas trop s’aventurer dans de sombres grottes. Liz s’éloigna de l’auto rouge et suivit ensuite le vieil indien jusqu’à son repère.

-Votre frère et moi, dit-il, venions souvent ici.

La grotte était plus lumineuse que dans le souvenir de Liz. Elle était éclairée à la lumière de simples torches. River Dog se dirigea vers un petit plan aménagé. Il venait souvent ici, pour méditer. Il se servit un bol d’eau et en proposa à Liz. Elle déclina l’offre.

-Votre pouvoir a énormément grandit ces derniers temps. Vous avez vu la mort.

Le vieil indien fixa Liz. Elle ne savait pas pourquoi, mais elle aurait juré avoir déjà vu un telle détermination dans les yeux de son frère.

-Mais elle n’était qu’illusion, ajouta-t-il.
-Donc, Max est bien vivant.
-Malheureusement, bien vivant n’est pas le terme approprié.

Il tourna le dos à Liz. Mais celle-ci n’allait pas se contenter que de réponse évasive. Elle voulait une réelle réponse. River Dog la connaissait. Il savait où se trouvait Max.

-Où est-il ? Est-ce qu’il va bien ?
-Il va bien, la rassura l’indien.

Le dos toujours tourné vers Liz, il s’approcha doucement d’un des parois de la grotte et regarda un mur sur lequel se trouvaient des peintures extra-terrestres. Nasedo les avaient dessiné là, des années auparavant, à une époque où il partageait une amitié avec l’indien. Certains d’entre eux semblaient disparaître peu à peu, comme effacer de la réalité.

-Max est entre la vie et la mort, poursuivit-il. Bien sûr c’est la vie qui l’attend. Mais il est dans un monde parallèle où il est sur le point de faire un choix qui pourrait affecter plus d’une vie.
-Que voulez-vous dire ?

Le regard attentif du vieil indien valsa sur Liz. Il avait l’air sérieux. Le ton de sa voix était devenu plus grave. Quelque chose d’important était sur le point de se produire.

-Ce qui va se passer dans les prochaines minutes est capital dans l’histoire de nos vies, de la votre surtout.
-Quel choix va-t-il devoir faire ?

River Dog reprit le bol d’eau et le tendit à Liz, qui cette fois, ne déclina pas l’offre. Elle le prit et but. Il posa alors sur elle un regard inquiet.

-Le choix que depuis toujours il a souhaité avoir. Le choix d’une vie moins particulière.
-Vous voulez dire…

L’indien acquiesça. Liz avait comprit. Elle se persuada un instant que Max ne ferait jamais une chose pareille. Il tenait à ses pouvoirs. Il en avait besoin.

-Il va devoir choisir entre une vie où il est ce qu’il est et une autre où il est ce qu’il a toujours désiré être. Il va pouvoir, s’il le souhaite, reconstruire une vie sans pouvoirs, sans dangers… mais vous voyez où est le réel danger ?

Liz se sentit soudain plus faible. River Dog l’aida à se maintenir debout. La jeune fille eut l’impression de perdre toutes ses forces, comme si elle était en train de mourir.

-S’il renonce à être un extra-terrestre, il ne pourra pas me sauver lors de la fusillade au crashdown.

Cela expliquait son état de faiblesse. Max était sur le point de prendre la mauvaise décision. Il allait changer le cours de l’histoire.

-Non seulement cela ; mais à l’échelle plus planétaire.

River Dog aida Liz à s’allonger. Elle avait définitivement perdu toutes forces dans les jambes. Elle se tenait a présent allongée sur le sol, légèrement relevée grâce à l’appuis qu’elle avait sur ses bras.

-Si il n’y a personne pour protéger la terre, elle sera envahie par des ennemis car, croyez moi, ennemis il y aura.

Liz frissonna. Elle songea ensuite à son petit ami. « Max, je t’en prie, ne fais rien que tu risquerais de regretter… » Pensa-t-elle.



Max avait à nouveau été transporté dans cet univers blanc et lumineux, s’étendant à l’infini. Il tachait de respirer profondément, tentant du mieux qu’il pouvait de ne pas laisser percevoir son appréhension. La voix se remit à lui parler sur un ton doucereux.

-Te voilà prêt Max. Le choix va enfin t’être exposé.
-Je crois que je sais de quoi il s’agit, et j’ai déjà pris ma décision.
-Impatient ?
-Il me semble que j’ai assez entendu

Le silence se fit un instant. Max crut un instant que la voix avait à nouveau disparu. Mais un homme au teint pâle apparut en face de lui. Il le regardait fixement, sans même cligner des yeux. Il était grand, brun, les yeux bleus, habillé avec un costume noir.

-Qui êtes vous, exactement ?
-Je suis la voix, sous sa forme humaine. De temps à autre je suis passeur. J’ai énormément de fonction dans les mondes intermédiaires. Mais passons. Mon nom est Joshua.

Il tendit sa main à Max. celui-ci avança la sienne et le deux hommes se serrèrent les mains. Max le regardait toujours d’un air suspicieux.

-Vous me proposez quoi au juste ?

Joshua caressa son menton entre son index et son pouce. Il commença à avancer et fit le tour de Max, l’observant attentivement.

-Tant de fougue et d’ardeur dans un même être. C’est étonnant.

Max commençait à s’impatienter. Joshua utilisait trop de détour pour une chose en réalité très simple. Max était tellement envieux, désireux d’enfin avoir une vie normale.

-Bien. Le choix que je te propose est le suivant. Tu peux revenir d’où tu es venu sans rien changer à ta vie. Tu retrouveras même ta voiture en bon état et tout et tout…

Joshua sourit tout en mettant une pointe d’humour sarcastique dans la fin de sa réplique. Il lança ensuite un regard narquois à Max.

-Ou alors, tu décides d’abandonner tous tes pouvoirs. Tu n’auras aucun souvenir d‘avoir été ce que tu es. Tu seras juste Max Evans, un adolescent de Roswell, tout ce qu’il y a de plus normal.

Après lui avoir sourit encore un fois, Joshua joignit les mains et commença à se les frotter l’une contre l’autre.

-Et pour les conséquences ? Je veux dire, tout ce que moi, ou l’un des nôtres a fait, y en aura-t-il des traces ? se renseigna Max.
-Aucunes. Les extra-terrestres sont tous morts dans le crash. Et tous tes souvenirs seront différents.

Max réfléchit à tout ce qu’il avait fait subir à Liz ou aux autres ces derniers mois. Ils avaient tous vécu un enfer. La police ainsi que le FBI les avaient poursuivis. Des problèmes émanant de leur propre groupe s’étaient même posés. Ici, tout le monde l’aimait, le connaissait, l’appréciait pour ce qu’il était réellement. Leurs vies à tous seraient tellement simples sans lui ou sa différence.

-Max, lui lança Joshua. Suis moi.

Max marcha droit devant lui, se demandant où Joshua comptait l’emmener dans ce monde d’un blanc toujours aussi pur. Mais celui-ci vit un mouvement de la main et les rues de Roswell apparurent tout autour d’eux. Max regarda son compagnon d’un air stupéfait. Dix secondes auparavant, ils évoluaient à travers un brouillard permanant, et à présent, ils marchaient vers le crashdown. Arrivés devant la porte, ils la poussèrent et entrèrent. Liz était au comptoir. Un peu plus loin, Maria servait du café à deux touristes. Elles travaillaient comme à leur habitude. Max et Joshua s’assirent à une table.

-Nous y voici Max. Ton choix se fait ici, maintenant.

Il hésitait toujours. Certes cela améliorerait sans doute sa vie sous beaucoup d’angle mais cela ferait un changement énorme. Quelque chose en lui l’empêchait de dire clairement « oui ».

-Mais qu’est ce qu’il fait notre cuistot en herbe, lança Maria à Liz.

La voix de son amie parvint à Max. Il porta une oreille plus attentive à la conversation. Sa tête suivit le mouvement. Son regard s’était instantanément posé sur Liz. Elle riait.

-Je ne sais pas, sourit-elle.
-C’est bien une idée de madame Evans de l’engager.
-Ça ! Kévin ! La table six attend sa commande, lança-t-elle au fameux cuistot.

Max frémit. Avait-elle bien dit Kévin ? Le frère de Liz. Il se souvenait pourtant… Kévin avait été tué par Nasedo parce qu’il avait voulu protéger Tess. Mais ici, dans cette réalité, aucun d’eux n’avait de pouvoir. Kévin n’avait donc jamais été tué. Il n’avait jamais rencontré d’extra-terrestre. Il était bien vivant et il travaillait ici, au crashdown. Max se remémora une phrase que Liz lui avait dite le matin même lorsqu’il l’avait croisé au détour d’un couloir de la maison. « Je suis pressée… ON doit prendre notre service au crashdown. » Elle parlait de son frère. Elle était heureuse. Liz souriait en regardant Kévin travailler. Ils avaient l’air si bien.

-Il travaille ici ? demanda Max.
-Oui, répondit Joshua. Il est en vie. Il vit avec Liz chez vous. Et il a une charmante petite amie. Il l’a rencontré après avoir rompu avec Tess… elle était trop jalouse.

Max baissa la tête. Il soupira. Il avait beau pesé le pour et le contre de l’acceptation de cette proposition, le pour l’emportait toujours largement. Cependant, son subconscient était encore hésitant.

-Il ne te reste que quelques minutes…

Il regarda tout autour de lui. Le crashdown était plein de touristes à presque toutes les tables. Liz, Maria et Kévin riaient ensemble et de bon cœur. Tout était si bien ici. « Tu m’avais dit que je les aurais aujourd’hui ! » Maria le regarda alors. Elle murmura ensuite quelque chose à Liz qui sourit en rougissant.

-Max, il est temps, le pressa Joshua.
-Je…

Il hésitait toujours. Que faire ? Même si il n’aurait aucun souvenir de son ancienne vie, elle l’aimait malgré tout. D’un autre côté, tout était si simple ici. Plus de questions à sa poser toutes les deux minutes.

-Max, c’est l’heure, affirma son interlocuteur.

Joshua se faisait de plus en plus pressant. Plus il insistait, plus Max se posait des questions. Il commença à transpirer. Ses mains devinrent moites. Il pouvait le sentir à mesurer que ses doigts s’entrechoquaient avec d’autres.

-Max fait ton choix MAINTENANT.

La voix de Joshua sembla résonner profondément de sa tête jusqu’au plus profond de ses entrailles. Il vibrait de tout son corps. Une goutte de sueur dégoulina le long de sa joue

-Je…

Max tourna la tête autour de lui. Liz riait toujours. Max s’était éloignée d’elle. Elle venait de proposer du café à deux touristes agités. Elle s’en éloignait à nouveau. À nouveau, elle glissa deux ou trois mots à Liz.

-Max !

Son regard croisa celui de Liz. Elle rougit encore une fois. Son cœur battit la chamade. Elle était toujours la Liz qu’il connaissait et elle l’aimerait toujours comme il était…

-Max, c’est le moment !
-Je…

- Je refuse de changer de vie ! cria-t-il.

PAN ! Un coup de feu venait d’être tiré. La balle partit à une vitesse fulgurante. Mais lorsque Max hurla sa réponse, elle s’arrêta net à quelques centimètres du ventre de Liz. Le visage de la jeune fille affichait un air terrifié. Maria avait sa tête tournée vers son amie. Les autres clients étaient tous accroupis sous leur table. Le temps s’était arrêté juste avant que Liz ne soit touchée. Joshua sourit.

-Choix accordé.

Max soupira alors qu’il vit que Liz n’avait rien. Il se frotta nerveusement tout le visage, soulagé par le choix qu’il venait de faire.

-Vous avez de la chance, précisa Joshua en désignant Liz.
-Peut-être m’avez-vous cru assez stupide pour oublier que sans mes pouvoirs, je suis impuissant face à sa blessure.

Max se releva. Il voulut partir. Mais pour aller où. Ce n’était pas son monde ici. Il avait toujours besoin de Joshua… pour qu’il le ramène chez lui. Celui-ci souriait encore.

-Vous êtes quelqu’un d’intelligent Max. Je n’ai jamais douté de vous.
-Où est ce que je vais maintenant ?

Max se tenait toujours debout à côté de Joshua. Il se leva à son tour et se plaça face à Max. Les autres humains étaient toujours figés.

-Je vous ramène chez vous. Là où vous resterez ce que vous avez toujours été. Rien n’aura changé. C’est à vous de construire votre futur à présent.

Il sourit et disparut dans une grande et scintillante lumière blanche. Max se protégea les yeux de son bras. Une voix lui murmura.

-À un de ces jours, Max…

Max ne voyait toujours rien. Il se sentit alors transporter par cette lumière qui l’entourait. Il se laissa porter, son bras toujours placé devant ses yeux, lui évitant d’être aveuglé.


Maria, à force d’attendre la retour de son amie, avait fini par s’endormir dans sa petite jeta rouge. Le jour se couchait déjà.
Liz était toujours assise dans la grotte, avec à ses cotés, River Dog. Cela faisait des heures qu’ils étaient là, en silence, dans une lumière qui se faisait de plus en plus faible à mesuré que le temps passait. La fin de la journée se pointait déjà à l’horizon. Les couleurs du soleil commençaient à disparaître. Le vieil indien ouvra soudain les yeux et déclara :

-Il revient ! Il a fait le bon choix.

Liz releva vivement la tête et chercha immédiatement une quelconque trace de Max. C’est dans une lumière angélique que Liz vit apparaître l’homme qu’elle aimait. Son bras protégeait toujours ses yeux. Quand il sentit ses pieds toucher terre. Il les rouvrit. Il aperçut Liz. Elle se jeta sans détour dans ses bras.

-Je savais que tu reviendrais, murmura-t-elle à son oreille.

Max l’embrassa tendrement. Elle était si belle. Elle avait attendu son retour. Et mieux encore, elle avait eu confiance en lui depuis le début. Max se tourna ensuite vers River Dog.

-Merci, lui dit-il. Merci de toujours soutenir et aider Liz.
-Elle me rappelle son frère. Il aurait été fier de vous.

River Dog sourit à Liz. Elle en fit de même. Le vieil indien leur fit alors signe de partir. Max prit sa petite amie par la main et ils sortirent de la sombre grotte en direction de la voiture. Ils marchèrent un moment dans un silence paisible.

-Maria nous attend dans l’auto.

Elle pensa un instant. Elle sentit la main de max se serrer contre la sienne. Elle lui sourit.

-Enfin, elle ne s’attend pas à te voir, rectifia-t-elle.

Ils arrivèrent au véhicule. Maria dormait toujours, sa tête appuyée sur le carreau. Liz frappa et la réveilla. Elle sursauta. Elle sourit quand elle vit Liz. Mais lorsqu’elle aperçut Max à ses côtés, elle ne pu faire autrement que de bondir sur lui. Elle le serra dans ses bras puis voyant qu’elle l’étouffait, relâcha son étreinte.

-Excuse mon enthousiasme. C’est bon de te revoir, souffla-t-elle.

Elle regarda à nouveau Max. Elle souriait. Elle était heureuse d’enfin revoir Liz avec cet air jovial. Elle avait eu peur que max ne revienne pas. Si cela avait été le cas, Maria était certaine qu’il aurait fallu des années à Liz pour s’en remettre. En espérant qu’elle se soit remise un jour. Mais il était là, en chair et en os.

-Ça valait la peine d’attendre aussi longtemps. On a vraiment cru que cette fois, c’était la fin de Maxwell Evans.
-Je suis parti combien de temps.
-À peu près vingt quatre heures, sourit Liz.
-Et je vous ai tant manqué que ça ? plaisanta-t-il.

Ils sourirent tous les trois. Liz lui frappa légèrement dans l’épaule. Pour se faire pardonne, il prit Liz dans ses bras. Maria se mit au volant. La petite antenne surmontée d’une tête d’alien vacilla. Et ils rentrèrent tous les trois au crashdown. Malgré les épreuves de la journée, le problème concernant Alex et Tess attendait toujours. Lorsque Michael, Kyle et Isabel lui expliquèrent, Max soupira.

-Je règlerai ça plus tard, déclara-t-il à la grande surprise de l’assemblée. Ce soir je me repose de mes émotions.

Ils échangèrent un regard étonné mais compréhensif. Après tout, il était mort. Ou peut-être pas réellement. En réalité, personne ne savait ce qui lui était arrivé durant ces dernières vingt quatre heures.

-Alors Max, sourit Liz. C’était comment… l’autre monde ?
-Mademoiselle Parker, vous parlez trop.

Liz fut surprise par la réaction de son petit ami. Il la souleva et la prit dans ses bras comme on prendrait une jeune mariée. Liz émit un léger cri de surprise. Les autres les regardèrent intrigués.

-Je vous propose de venir vous reposez à mes cotés dans vos appartements.
-Je suis disposée à satisfaire votre requête.

Ils s’embrassèrent tendrement. Il la porta ensuite jusqu’à sa chambre à coucher. Les autres sourit en les observant s’éloigner. Ils rirent légèrement et Michael déclara :

-C’est une affaire qui roule.

Michael sourit. Sa remarque fit rire encore plus les autres. Finalement, tout était bien qui finissait bien. Maria regarda s’éloigner son amie.
« Quelle chance elle a d’avoir quelqu’un qui la soutient. » pensa-t-elle.
La jeune fille enviait la relation de Liz. Même quand elle était avec Michael, c’était souvent passionnel. Elle aimait cette relation qu’elle qualifiait de sage. Pourtant…


Dans la chambre, à l’étage, Max et Liz n’avaient en aucun cas pris le sage décision de se « reposer ». Que du contraire. Ils étaient tout deux passionnés. Ils n’avaient été séparés trop longtemps. Mais par de trop grandes émotions. Liz avait eu si peur de le perdre à tout jamais. Ce soir, elle le voulait à elle. Elle ne voulait plus jamais être loin de lui.

-Max, tu crois qu’on est prêt ?
-Il n’y a aucun doute là dessus.

Les mains de Liz glissèrent son t-shirt. Max se retrouva bien vite torse nu. Le débardeur de Liz gisait déjà au sol. Les doigts de Max caressaient chaque parcelle du corps de sa partenaire sans pouvoir s’arrêter. Ses lèvres couvraient sa peau douce et tendre de baiser plus enflammés les uns que les autres. Il découvrit avec bonheur sa poitrine. Les mains de Liz s’attardèrent au niveau de la ceinture de Max. ils s’embrassaient toujours. Ils se retrouvèrent nus. Max entra alors en elle. Liz retint un gémissement. Elle se laissa emporté par le rythme de ses mouvements de riens dans une nuit passionnée. Ils étaient parfaitement, complètement relié l’un à l’autre. C’est alors que, cédant à leur désir commun, ils savourèrent une nuit de bonheur, de passion… d’extase…


Loin du bonheur que deux des citoyens de Roswell partageaient, l’unité spéciale du FBI investiguait l’appartement de Sean De Luca

-De Luca, au rapport ! brailla la voix criarde du supérieur.

Un agent avança hésitant. Il se posta au côté de l’homme qui le dominait et ajouta d’un ton très militaire.

-Monsieur, moi c’est Wellington. De Luca c’est notre agent disparu.
-Peu importe, râla-t-il.

Il commença à déambuler dans toute la pièce, suivi de très près par l’agent Wellington, visiblement très effrayé. Il avançait à pas légers.

-Qu’est ce que nos hommes ont trouvé ?
-Pour le moment rien monsieur. Mais nous fouillons toujours l’appartement de l’agent De Luca.
-Bien. Faites vite.

Le supérieur s’éloigna de celui qui semblait lui servir de sous-fifre. Il s’approche près d’un bureau et frappa furieusement son poing dessus. Il soupira.

-Je ne veux pas que cette mission n’ait servi qu’à remuer de la poussière.

Une dizaine d’agents du FBI étaient en pleine recherche dans l’habitation de Sean. Ils n’avaient encore rien trouvé, pour la simple raison que Tess avait fait du ménage après l’incident. Cependant, l’agent Wellington venait de mettre la main sur un dossier resté enfermé dans le bureau. Il avait été verrouillé. Mais l’agent avait facilement fait céder le verrou. Il ouvrit le tiroir et se saisit du dossier.

-Monsieur, appela-t-il. J’ai découvert ceci.
-Qu’est-ce ?
-C’est le rapport de l’agent De Luca sur la présence alienoïde à Roswell.

L’homme s’en empara. Il jeta un vague coup d’œil à celui qui lui avait remis. Le regard avait dû être tellement menaçant que L’agent Wellington eut le réflexe de se reculer d’un bon mètre.

-Tess Harding, Liz Parker, Kyle Valenti et Alex Withman…


Il avait murmuré cette phrase dans une sorte de râle de jouissance intense. Il sourit. Il se tourna ensuite vers ses collègues, et annonça d’un air triomphant à souhait.

-Messieurs, nous tenons nos extra-terrestres…

La foule présente dans l’appartement de Sean De Luca sourit de bon cœur. Enfin, les extra-terrestres étaient à leur portée.

Suite dans « Le retour »

Que va faire le FBI pour s’emparer des aliens ? Que va faire Max par rapport à Tess ? Tout s’enchaîne si vite… Nos amis ne sont pas au bout de leur surprise… Un retour imprévu pourrait bien venir bouleverser leur petite existence jamais tranquille…

jaime bien cte partie normal il y a du dreamer

Moi, je me lasse jamais de lire cette fic!!