Episode 6: Trahisons... 4 Parties.

Roswell.

Épisode 6 : Trahisons.

(I knew it.)

Maria n’arrivait pas à dormir. Cela faisait plusieurs jours que chaque nuit, elle entendait des bruits provenant du salon. Elle s’inquiétait tous les soirs un peu plus. Pourtant, Sean dormait dans cette pièce de la maison. Elle ne devait donc pas se faire de soucis à ce sujet. Si il se passait quelque chose, son cousin était là. Malgré tout, c’était plus fort qu’elle. Son instinct lui disait de se lever et d’aller vérifier si tout allait bien. Elle retira alors la couverture d’un geste net de la main. Elle posa les pieds à terre. Pas à pas, elle se dirigea vers la porte de sa chambre. Elle l’ouvrit et traversa le couloir à pas de loup. Après quelques minutes d’hésitation, elle arriva enfin au salon. Elle alluma la lumière de la pièce. Elle croyait y trouver son cousin qui la rassurerait avec un « M, t’es parano ! » Mais rien. Sean n’était pas là. Il n’y avait personne. Le salon des De Luca était exempt de toute forme de vie.

-Mais où est-il ? pensa Maria.

La réponse se trouvait dans le même petit appartement, dans le centre ville. Le cousin de Maria avait un nouveau rendez-vous téléphonique avec son patron.

-Wellington…
-De Luca, rectifia Sean agacé.

D’un grand geste de la main, il frappa sur son bureau. Il était très irrité. Il n’obtenait pas les résultats qu’il escomptait.

-De Luca si vous voulez.

Sean soupira. Son patron se trompait dans les noms depuis son arrivée au FBI. Wellington était le nom de l’agent qu’il avait remplacé.

-Vous mettez trop de temps, grogna son patron. Où sont les résultats promis ? Nous vous avons fait sortir de prison pour que vous nous aidiez. Alors faites bien attention. Aucun faux pas ne sera toléré !

Sean hésita à répondre. Dans une organisation gouvernementale, il fallait peser chaque mot, chaque parole, de peur que celle-ci ne se retourne contre vous.

-Liz Parker me fait confiance, expliqua Sean. Elle ne tardera plus à me révéler des informations.
-Vous avez intérêt à vite prouver votre efficacité. Je vous re contacterai ici même, à la même heure dans trois jours.

Il raccrocha. Sean commença à s’inquiéter pour sa vie. Liz Parker ne lui faisait pas confiance du tout, que du contraire. S’il échouait, il retournerait plus que probablement en prison. Ou pire, il pourrait être tué pour en connaître trop. Il devait trouver un moyen pour démasquer les extra-terrestres. Sa vie d’homme libre en dépendait. Son existence elle-même était menacée. Il fouilla ses dossiers mais rien. Il ne voyait toujours pas comment trouver les aliens. Si seulement Liz Parker coopérait. Mais cette fille était une forte tête. Elle ne cèderait jamais devant lui. Et qui plus est, elle ne lui faisait plus confiance comme autrefois.

« Liz Parker, 20 novembre 1999.

Tout semble si merveilleux. J’en ai parfois peur de bouger. Quand je suis avec Max, tout semble si parfait. Depuis quelques semaines, les choses ont repris un cours normal – si cela est réellement possible. Nasedo n’a toujours pas remontré le bout de son nez d’Ed Harding. Tess apprend à maîtriser sa jalousie et semble disposée à se tenir tranquille. Je suis tout simplement heureuse. Max ne l’aime pas. Il me l’a magnifiquement prouvé. Il est si protecteur. Sa destinée ne semble pas être d’une importance capitale. Nous n’avons pas encore subit de catastrophe extra-terrestre. Je croise les doigts. Nous devons aller au cinéma ce soir. Maria m’a conseillé d’aller voir un film d’horreur. L’effet est –parait-il – magique. Il est temps de se préparer pour accueillir en toute beauté mon prince charmant… ou plutôt, mon roi charmant… »

Liz était enfin prête. Elle portait une belle et longue jupe noire et un débardeur rouge qui mettait en valeur sa peau mate. Elle était délicatement parfumée et légèrement maquillée. Max ne pu s’empêcher d’être ébloui lorsqu’il la vit. Il lui tendit la main en la complimentant. Ils quittèrent alors le crashdown.

-Ne rentre pas trop tard, dit Michael en la taquinant.

Pour toute réponse, elle lui sourit. Depuis qu’ils habitaient ensemble, une amitié très spéciale s’était créée entre eux. Ils étaient devenus comme frère et sœur, l’un protégeant l’autre au besoin. Michael resta dans sa cuisine à préparer les deux ou trois plats des seuls clients du crashdown. Il ne travaillait qu’avec Maria ce soir. Celle-ci était très maladroite ces derniers temps. Un bruit de verre se fit alors entendre. Michael tourna vivement la tête vers la cuisine. Il se dirigea rapidement vers la cuisine d’où s’était élevé le bruit de verre.

-Maria, l’appela Michael. Qu’est ce qui t’arrive ? C’est le troisième verre que tu casses cette semaine.
-Je sais, râla cette dernière. J’ai les nerfs à fleur de peau… tendance paranoïaque. Je me fais des films sur un détail de rien du tout.

Michael la regarda curieusement tandis qu’elle ramassait nerveusement les débris. Se fainéantise légendaire le poussa à ne même pas lui prêter main forte, ce que Maria ne maqua pas de souligner. Il décida donc de ne pas s’attarder sur le sujet.

-Tu pourrais être plus claire ?
-C’est à cause de Sean.

Elle mit les déchets à la poubelle et retourna dans la salle principale du restaurant. Elle s’accouda au comptoir. Michael s’installa à coté d’elle et l’écouta attentivement.

-Ton cousin, s’étonna-t-il. Tu t’inquiètes pour ton cousin maintenant ?
-Je ne m’inquiète pas pour lui. Je me pose des questions sur ses activités.

Elle respira profondément sous le regard de plus en plus intrigué de Michael. Celui-ci plaça l’une de se mains sur son menton.

-Depuis quelques temps, j’entends des bruits la nuit, expliqua-t-elle. Il y a une semaine, je me suis levée pour vérifier si Sean allait bien. Mais quand je suis arrivée dans le salon, il n’y avait personne.
-Et tu t’inquiètes pour ça ?

Michael émit un rire un tantinet sarcastique. Maria lui lança un regard noir. Alors qu’elle tentait de lui expliquer ses angoisses, il la faisait passer pour un paranoïaque.

-Michael, il sort presque toutes les nuits en catimini aux environs de minuit. Et il revient comme si de rien n’était, silencieux, une heure plus tard. Ces derniers temps, il est discret. Il ne parle qu’à Liz quand il la voit. Ce n’est pas du tout son genre.

Michael se rapprocha et prit Maria tout contre lui. Elle avait vraiment besoin d’un peu de réconfort.

-Maria, ton cousin fait ce qu’il veut. S’il tient à retourner en prison…
-S’il travaillait pour le FBI ? Désolée, je m’emporte.

Elle se dégagea de l’étreinte du jeune homme et leva les bras au ciel tout en soupirant. Elle plongea ensuite la main dans sa poche pour en sortir une petite fiole.

-Mais Liz a dit qu’il posait beaucoup de questions sur Max, poursuivit-elle en reniflant un peu d’huile de cèdre. Je sais, cela pourrait n’être que de la jalousie.

Elle ferma un instant les yeux histoire de faire agir son produit d’aromathérapie. Elle prit une grande bouffée d’air frais.

-Mais il a aussi parlé de toi. Cela m’inquiète Michael. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive quoi que ce soit.

Elle tomba à nouveau dans ses bras, soulagée d’avoir enfin pu parler à quelqu’un. Elle avait les yeux rouges. Elle se sentait énervée et en même temps apeurée. Elle sentait bien que quelque chose n’allait pas.

-Calme toi, l’apaisa Michael. Tu sais, contre moi, ton cousin ne fait pas le poids.

Maria sourit puis soupira. Elle imaginait déjà son cousin en train de faire le macho musclé devant Michael. Cela correspondait tout à fait au profil qu’elle lui avait attribué.

-Tout ira bien. On vérifiera ses occupations si tu veux, proposa-t-il.

Elle acquiesça. Elle se blottit encore plus au fond des bras de son petit ami. Elle se sentait en sécurité.

A la sortie du cinéma, Liz marchait calmement, encore terrifiée par la séance. Ils avaient été voir un film d’horreur sous le conseil de Maria. Mais la jeune fille n’avait pas prévu la réaction de son amie. Elle était cependant confortablement blottie dans les bras de Max. Ce qui n’était pas du tout pour lui déplaire. Il prenait même un certain plaisir à jouer les petits amis protecteurs.

-C’était si effrayant que ça ? lui demanda-t-il.
-Tu n’as pas idée. C’était si…

Elle s’arrêta soudain de parler. Max sentit que Liz se crispait. Ses yeux suivirent la trajectoire effectuée par ceux de sa petite amie pour enfin poser sur une silhouette en face d’eux.

-Max, murmura-t-elle. Regarde.

À quelques pas d’eux, immobile sur ses deux pieds, Ed Harding fixait le couple. Il s’avança, la démarche lente jusqu’à eux. Liz s’agrippa de plus belle à Max. L’homme sombre prit un malin plaisir à constater l’effet que provoquait son arrivée.

-Qu’est ce que tu fais là ? l’agressa Max.
-Je viens voir où en sont mes affaires, dit-il arrogant. Visiblement, elles sont au plus mal.

Il dévisagea Liz, une expression de dégoût accrochée au visage. Ses yeux reflétaient toute sa haine. Max sentit sa petite amie se rétracter. Elle se pressait contre lui avec force.

-Les humains, encore pire que les cafards. On en écrase un, on en a deux aux fesses.

Ils le regardèrent sans bouger.

-Non, ne me dites pas que vous l’ignorez, ironisa Nasedo.

Il les regarda et constata leur air surpris. Il leva les bras au ciel et ricana. Il les fixa alors à nouveau prenant un sadique plaisir à détailler leurs frimousses apeurées.

-Vous ne savez pas que le FBI est remonté jusqu'à Roswell et qu’en ce moment même un de leur agent essaie de vous infiltrer.

Il tourna tout autour de ses deux interlocuteurs se délectant d’une vicieuse satisfaction à terrifier d’autant plus Liz. Il approcha son visage du sien et glissa à son oreille :

-L’accident de septembre a fait beaucoup de bruit. Vous êtes à présent leur cible, jeune fille.

Le visage de celle-ci se décomposa en une fraction de seconde. Elle était visée. Sa crainte n’était que renforcée par cette révélation. Nasedo

-Ne faites pas ces têtes-là. On dirait que vous avez vu un fantôme.

Il sourit, s’éloignant et fredonnant le thème de la série X-Files. Liz n’avait pas dit un mot. Elle avait juste gardé son bras accroché à Max. Lui, si protecteur. Elle prit enfin la parole.

-Alors, bredouilla-t-elle. Je suis la cible.
-Ne tiens pas compte de ce qu’il. Retournons au crashdown, nous en parlerons à Michael. J’appelle Isabel.

Il resserra son étreinte. Il ne voulait pas la laisser dans un tel état. Tout cela était encore assez neuf pour elle. Il ne voulait pas imaginait combien elle devait être perturbée. Mais la jeune fille était forte. Elle tenait le coup.

Ils se dirigèrent vers le restaurant. Au coin de la rue, Sean les regarda s’éloigner. Il avait repéré Nasedo. Il était persuadé qu’il savait quelque chose. Il avait vu le regard de Liz et Max à son apparition et même durant toute lé durée de la conversation. Il avait effrayé Liz. L’agent De Luca sentait qu’il était mêlé de très près à cette histoire.

Tess venait de recevoir l’appel de Max. Elle se montra la plus surprise du monde. « J’arrive tout de suite » avait-elle dit. Elle prévint alors la famille Valenti de son départ et sortit. Elle fit quelques pas dans le noir, puis s’arrêta. Elle leva les yeux au ciel.

-Tu sais que je sens toujours quand tu es là, s’exaspéra-t-elle.
-Ce n’est même plus amusant, lui répondit Nasedo apparaissant derrière sa fille.

Tess se retourna et fixa Nasedo l’air agressif. Elle n’avait pas du tout apprécié son attitude. Elle savait tout de ses moindres faits et gestes et en était désappointée.

-N’avais-tu pas promis de ne pas aller leur parler ?
-La tentation a été trop forte, grinça Nasedo.

Il frissonna de plaisir à l’évocation de cette discution. Il avait adoré ce qu’il avait fait et l’effet qu’il avait produit sur les deux adolescents. Nasedo était le sadisme en personne.

- Faire peur à cette humaine est très divertissant. Elle est si impressionnable.
-Ne joue pas avec elle. Elle pourrait être la clef de ta survie.

Nasedo s’esclaffa. Son regard méprisant et dédaigneux se posa sur sa fille. Oui, même elle, il la méprisait.

-Que veux-tu dire ? Depuis quand est-elle un élément important pour nous ?
-Tu crois vraiment que j’ai passé deux mois à t’attendre sans cogiter un minimum, agressa Tess.

Elle lui tourna le dos. Cela lui donnait l’impression d’avoir le pouvoir sur son propre protecteur. Des deux, il était difficile de savoir lequel dominait l’autre.

-Liz est la seule à pouvoir convaincre Max de t’épargner. L’agent du FBI en mission à Roswell n’est autre que Sean, le cousin de Maria. Cet élément est à ton avantage.

Elle pointa alors un doigt sur Nasedo tout en se tournant dans sa direction. Elle avait l’air menaçante.

-Alors surtout, ne fais rien de stupide et tiens toi tranquille.

Nasedo respira profondément et acquiesça. Au fond de lui, il enrageait de devoir obéir à sa protégée. Il l’avait élevée. Il lui avait appris tout ce qu’elle savait. Et maintenant il était soumis. Il se redressa et se fit imposant. Il s’éloigna de Tess et s’engouffra dans une rue sombre. Il avança un peu puis s’arrêta d’un coup. Il avait senti quelque chose. Il n’eut pas le temps de se retourner qu’il fut assommé.

Tess franchit enfin la porte du crashdown. Elle était la dernière. Tous les regards se posèrent sur elle dès son entrée. Intriguée, elle ralentit son pas. Dans le silence le plus complet, rejoint le groupe.

-Quel est le problème, demanda-t-elle hypocrite.

Elle s’assit sentant tous les regards insistants se braquer sur elle sans en démordre. Elle prit son air le plus innocent afin d’éviter d’être tout de suite montrée du doigt comme étant une traîtresse.

-Nasedo est de retour, l’informa Max. Tu l’ignorais ?
-Oui.
-On ne te crois pas, s’emporta Maria.

Michael la retint. Elle était très énervée. Il la prit dans ses bras laissant Max continuer sur sa lancée.

-Nasedo semble posséder un bon nombre de renseignement, poursuivit Max. un agent du FBI serait en ce moment même à Roswell. Sa cible serait Liz.

Tess était placée juste en face de Max. Il n’avait pas l’air de plaisanter. Son visage à elle par contre, était presque angélique. Il sentait pourtant bien qu’elle mentait. Non pas par ses pouvoirs, Tess dissimulait très bien ses émotions. Max avait ce sixième sens qui lui permettait de le deviner.

-Je vous jure que je ne sais rien, nia Tess. Je n’ai pas revu Nasedo depuis des semaines. Je ne sais pas qui est cet agent du FBI qui essaie de nous infiltrer, je…
-Comment sais-tu qu’il essaie de nous infiltrer ? nota Liz.

Tess releva la tête vers la jeune fille, surprise par cette remarque. Liz la regardait exactement comme Nasedo l’avait précédemment regardée. Elle n’éprouvait que du mépris. Liz n’était pas usuellement ainsi. Mais Tess ne lui inspirait pas confiance.

-Quoi ?
-Nous n’avons jamais dit qu’il essayait de nous infiltrer. Max a juste dit que j’étais sa cible et qu’il était à Roswell. Tess, tes mensonges sont de plus en plus visibles.
-Tu ferais mieux de tout avouer, ajouta Michael.

Tess baissa la tête. Non, elle ne dirait rien. Pas un mot ne sortirait de sa bouche. La présence de cet agent était sa carte. Elle ne devait pas parler, pas maintenant, pas elle. C’était Nasedo qui devait parler et « sauver » Liz pour être épargné. Mais il n’avait pas écouté les ordres et avait palé trop tôt. Elle ne pouvait à présent plus rien laisser filtrer. Dans un élan de folie, une poussée d’adrénaline –ou Dieu sait ce qui anima cette file- elle se leva et couru vers la porte. Personne n’eut le temps de réaliser qu’elle avait déjà pris la fuite. Elle avait préféré se faire traîtresse que de tout avouer.

Nasedo ouvrit enfin un œil. Sa tête le faisait atrocement souffrir. Il n’en laissa néanmoins rien paraître. Il tenta de tâter doucement le sol à l’aide de ses mains mais elles étaient liées dans son dos, tout comme ses pieds étaient attachés l’un à l’autre par une corde. Il lui était impossible d’utiliser ses pouvoirs. Sa tête dodelinante, il constata tout de même qu’il était dur. Il faisait sombre tout autour de lui. Seule une ombre à quelques mètres de lui était visible.

-Vous les humains, vous n’êtes vraiment pas doué pour être discret. Je vous avais senti bien avant que vous ne m’assommiez lâchement.

L’ombre s’approcha d’un pas lent vers lui. Les bras de l’homme pendant le long de son corps. Il semblait parfaitement détendu. Il agrippa Nasedo, le releva et la plaça sur une chaise.

-Vous êtes pourtant pieds et poings liés à une simple chaise, sous mon total contrôle.

Nasedo ne répondit rien à cette réflexion qui le blessait dans son orgueil d’alien. C’était pourtant là la vérité. Mais plutôt mourir que d’admettre qu’il n’avait pas l’avantage.

-Vous êtes Nasedo ? demanda la voix.

L’homme apparut en pleine lumière et se révéla être Sean De Luca. L’apparition du jeune agent ne perturba en rien Nasedo. Il savait à qui il avait à faire.

-Formidable, je suis populaire, ironisa Nasedo.

Il leva les yeux au ciel. Il soupira ensuite et reposa son attention sur Sean De Luca. Il prit une grande inspiration.

- Je ne pourrais pas en dire autant de vous. Mais si je me fie à mes sources, vous êtes Sean, agent secret en mission pour le FBI.
-Que de bonnes sources vous avez là.
-N’est ce pas, fit-il, hautain.

Sean s’approcha de Nasedo, lui détacha les pieds et le coucha à terre. « J’ignore de quoi il est capable » pensa-t-il « je préfère l’avoir au dessous de moi. ». L’alien tomba lourdement. Il ne voyait plus que les pieds de son interlocuteur. Malgré le ton de sa voix bien tempéré, son état d’esprit trahissait sa peur.

-Que voulez-vous ? demanda L’extra-terrestre.
-Ce que je veux ? sourit Sean. Je veux les tiens… tous les tiens.

Sean se faisait plus insistant, plus encore qu’il ne s’en serait jamais cru capable. Il avait du s’endurcir durant ses six mois de prison. Être en cage pendant tant de temps, ça vous change un homme. À présent, il avait une chance de se racheter aux yeux de la société, et du gouvernement surtout. Il n’allait pas la laisser passer.

-Je vous demande pardon, fit Nasedo d’un ton faussement ignorant.
-Je veux que vous me disiez qui sont ceux que vous protégez. Je sais que vous êtes le protecteur des aliens.
-Mais vous me demandez de les trahir ?

Son timbre de voix se voulait peiner par tant de mesquineries de la part de l’agent fédéral. Pourtant, Nasedo savait qu’il craquerait si cela pouvait lui sauver la vie. Mais cela bouleverserait tous ses plans de retour. Il fallait qu’il trouve un subterfuge.

-Je vous offre de sauver votre vie. Vous vous êtes déjà retrouvé dans nos services au service au FBI. Vous me verriez navré si cela se reproduisait.

La frayeur s’installa dans les yeux de l’alien. Oui, il avait bien, des années auparavant, visité les locaux fédéraux. Et il ne souhaitait à personne, surtout pas à lui-même de s’y retrouver. Ce qu’il s’y passait était plus qu’horrible. Il frémit à se souvenir.

-Je sais de surcroît que Tess Harding, qui couramment se fait passer pour votre fille, elle l’une d’entre vous.

Sean tourna encore autour de l’extra-terrestre, toujours allongé sur le sol. Il ne tentait même pas de se relever. Le cousin de maria avait trouvé cette attitude suspecte mais avait fini par en déduire que l’alien n’avait aucune prise sur la situation.

-Je n’ai pas perdu un mot de votre conversation. Ce que je désire ardemment savoir, c’est qui sont les trois autres.
-Qui vous dit qu’ils sont trois ?

Sean baissa la tête et sourit mesquinement. Ses yeux fixaient Nasedo. On aurait presque dit qu’il était mort. Et l’agent en était de ce fait réjoui. Il ricana.

-le FBI sait bien plus de chose que vous ne pouvez imaginer.
-J’en ai eu un aperçu.
-Alors, allez-vous me le dire, oui ou non ?

Dans la cuisine du crashdown, Isabel essayait en vain de pénétrer dans la tête de Tess. Elle avait beau tout tenté, elle n’y arrivait pas. Tess avait dû se douter de ce qu’ils feraient. Elle était très maligne et avait facilement pu se protéger du pouvoir de la jeune fille.

-C’est pas vrai, s’énerva-t-elle.

Elle écrasa lourdement ses mains sur une table de la cuisine du crashdown. Kyle était le seul à lui tenir compagnie. Les autres se morfondaient dans la grande salle.

-Vos pouvoirs sont quand même puissant ? demanda Kyle.
-Oui, ils le sont. Mais ils ne sont pas efficaces sur l’une d’entre nous.

Elle passa nerveusement ses doigts dans ses longs cheveux blonds. Elle soupira. Kyle posa une main réconfortante sur son épaule. Isabel sourit. Soudain, lui vint une idée.

-Peut-être qu’avec l’aide de Liz…
-Liz ? s’étonna Kyle.

La jeune fille se tourna vers lui. Elle avait du mal à croire que Kyle, qui s’était très vite habitué à son statut de « humain dans le secret » ignorait encore certain détail de l’histoire.

-Quand Max l’a sauvé au crashdown, il lui a transmis une partie de ses pouvoirs. Elle les développe un peu plus chaque jour. Elle est douée pour tout ce qui est pouvoir sur le subconscient.
-Vous me faites peur…

Isabel sourit. Elle aimait ce coté à la fois sérieux et décalé de Kyle. Le jeune homme marqua un pause puis soupira tristement :

-Je n’aurais jamais cru que Tess ferait une chose pareille.
-Tess est différente de nous, dit Isabel.

Kyle plissa les sourcils. Il en apprenait un peu plus chaque jour. Il les avait tous classé comme étant pareil, à la base. Mais il découvrait au fur et à mesure que chacun d’entre eux avait ses propres caractéristiques.

-Comment ça ?
-Je veux dire, Tess a été élevée et conditionnée à détester les humains et à dominer les personnes inférieures à elle. Nasedo en a fait ce qu’elle est aujourd’hui.

Kyle croisa les bras. Il se mit à réfléchir. La fille qui habitait chez lui depuis quelque temps déjà, était en fait une manipulatrice. Ces nouvelles informations n’avaient rien de très commodes.

-Quels pouvoirs possède-t-elle ?
-Elle est capable de manipuler n’importe lequel d’entre nous.

Kyle déglutit difficilement ce qui fit sourire Isabel. Même si il essayait de se montrer détendu, il n’en restait pas moins mal à l’aise.

-Elle peut nous faire croire qu’il se passe quelque chose juste sous nos yeux alors qu’il ne se passe rien du tout. Ou à l’inverse, nous faire croire que tout va bien alors que ce n’est pas le cas.
-Plutôt effrayant comme pouvoirs, affirma Kyle.

Il inspira profondément comme pour se donner le courage de supporter ce qui restait à venir. Il n’en était qu’au début de son aventure. Cela ne faisait pas longtemps qu’il faisait partie de la bande. Il réalisa soudain les implications et comprit les contraintes auxquelles avaient été soumis tous ses camarades bien avant lui.

-Elle peut contrôler nos esprits et nous faire faire ce que l’on n’a pas envie de faire. Elle est très douée.
-Max n’a pas peur pour sa relation avec Liz ?
-Apparemment Tess a cessé de n’avoir pour but que la mort de Liz.
-Elle lui est peut-être utile…

Isabel fixa silencieusement et Kyle. Elle pâlit, inquiète. « Liz est la cible » avait dit Nasedo. Mais la cible de qui ? La sienne ou celle du mystérieux agent…

Dans la chambre de Michael, à l’étage, Maria extrapolait à nouveau sur les abondantes absences nocturnes de son cousin. Les bras suspendu éternellement dans les airs, elle ne pouvait se sortir de la tête l’idée que quelque chose n’allait pas.

-Tu as entendu comme moi Michael, s’énerva-t-elle. L’agent est ici à Roswell depuis quelques temps déjà et il essaie de nous infiltrer.
-Et alors ?
-Tout correspond !

Maria eu un mouvement violent de la main. Celle-ci atterrit presque dans la figure de Michael. Mais le jeune homme se recula à temps. La jeune fille continua dans son idée sans prêter attention à son petit ami qu’elle venait presque d’éborgner.

-Sean n’est pas là depuis longtemps mais assez pour être celui que l’on cherche. Et puis, qui plus que lui essaie de s’incruster ?
-Il en pince pour Liz.

Maria rit nerveusement. Elle chercha ses mots un instant. Ses bras valsaient toujours dans tous les sens forçant Michael à se reculer de plus en plus. Il finit par s’asseoir sur son lit.

-C’est un prétexte excellent : se rapprocher de Liz pour en apprendre un maximum sur vous.
-Maria, si ça te chiffonne tant que ça, parles en à Liz. C’est ta meilleure amie, tu te souviens ?

Maria respira profondément. Elle s’était décidée à parler à son amie. Elle adressa un regard aimant à Michael. Elle sortit de la chambre de son petit ami et se dirigea vers celle de Liz. En passant dans le couloir, elle entendit Alex au rez-de-chaussée. Elle tendit l’oreille. Ce qu’il répétait était complètement incohérent. Il s’agissait de phrases qui ressemblaient fort à « chef oui chef ». Ces réactions étaient certainement dues au stress. C’est tout du moins ce que supposa Maria. Dans ces cas-là, Alex se refaisait le schéma du parfait petit soldat à son papa. La situation devait vraiment beaucoup l’inquiéter pour qu’il en arrive là.

Maria arriva devant la porte de Liz. Elle hésita encore un instant se demandant comment elle allait pouvoir aborder le sujet. Elle frappa, puis entra. Son amie était en compagnie de Max.

-Liz, commença Maria. Je dois te parler.
-Je vous laisse, dit Max.

Il se leva précipitamment et voulut quitter la pièce mais la jeune fille l’en empêcha. Il l’accrocha par le bras et le ramena doucement au centre de la pièce.

-Non reste, s’il te plait, demanda Maria.

Max la regarda surpris. Généralement, les conversations entre Liz et Maria ne le concernaient pas. Il échangea un regard désabusé avec Liz puis se rassit au côté de celle-ci. Maria respira longuement. Elle inhala au passage un peu d’huile de cèdre puis se lança enfin dans ces explications.

-Alors voilà, ce n’est peut-être pas grand-chose, même rien en fait mais j’ai besoin de vous en parler. Entendre de votre bouche que je m’inquiète pour rien me rassurera.

Liz la fixa croyant qu’elle allait à tout moment prendre la parole.
Maria demeura silencieusement.

-Maria, tu nous le dis ou…
-Voilà, je crois que Sean est l’agent chargé de vous démasquer.

Elle soupira de soulagement une fois la nouvelle annoncée. Un sourire nerveux s’inscrit sur ses lèvres. Max se leva brusquement et fit quelque pas vers Maria.

-Tu veux dire Sean, ton cousin, demanda Max.

Maria acquiesça. Elle commença à tordre ses doigts dans tous les sens, signe qu’elle était très nerveuse.

-Qu’est ce qui te fait croire ça ? interrogea Liz.
-Sean sort souvent la nuit ces derniers temps, affirma la jeune fille toujours nerveuse.

À présent, ses mains s’étaient fixées sur son t-shirt qu’elle tournait et retournait sans cesse.

-Il sort sans bruit, et il revient une ou deux heures plus tard comme si de rien était.
-Et… insista Max.

Le jeune homme se montrait assez désinvolte par rapport à ce que Maria disait. Il n’en était pas moins inquiet. Il voulait pousser la jeune fille à lui en dire le plus possible sur son cousin.

-Et puis il essaie de rester un maximum avec nous. Liz est la cible. Il lui fait du charme pour obtenir des renseignements. Je sais c’est stupide !
-Au contraire, s’insurgea Max. Ça colle même très bien.

Maria grimaça. Elle ne voulait pas croire ce qu’impliquait cette nouvelle découverte. Elle hésita un instant.

-Il faut donc s’inquiéter, grinça-t-elle.

Max acquiesça. Il y avait toute les raison de s’inquiéter. Si le FBI était sur leurs traces, il y avait de forte chance pour qu’il ne les laisse pas tranquille d’ici peu.

-Il faut trouver Sean, répondit Max. Savoir où il va la nuit et ce qu’il fait. Il ne faut pas le lâcher d’une semelle.
-Et pour Tess, demanda Liz. Qu’est ce qu’on va en faire ?

Max parut incertain sur la question. Le FBI lui paraissait si facile à gérer face à Tess. Elle, il n’avait aucun moyen de la contrôler ou de l’empêcher d’agir à sa guise.

-Je n’en ai pas la moindre idée.

Max aurait aimé pouvoir régler le problème « Tess ». Mais comment faire ? Tess était l’un d’entre eux. Hors de question de la tuer. Max n’était pas un assassin. La livrer aux autorités ? Jamais ! Il ne souhaitait ça pas même au pire des extra-terrestres. Si Tess ne changeait pas sa vision des humains, il allait falloir prendre des mesures radicales.

Dans le petit appartement du centre ville, Sean tentait toujours de convaincre Nasedo de lui livrer ses semblables. Celui-ci semblait étonnement prêt à céder.

-Sauver votre vie en échange de leur identité. N’est-ce pas là un honnête marché ?
-Vous me laisserez partir ?
-Juste après avoir vérifié la véracité de vos dires.

Nasedo baissa la tête. Comment pouvait-il être sur qu’il sauverait sa peau ? Il n’avait aucun moyen de le savoir. Bien sûr, il doutait. Mais il ne pouvait que lui faire confiance à présent.

-Bien. J’accepte.

Sean sourit, fier de lui. Il prit la chaise et y replaça Nasedo. Il en prit une autre et s’assit derrière son bureau. Il ouvrit un tiroir et en sortit un dossier. Il croisa les mains.

-Alors, qui sont-ils ?
-Tess Harding, comme vous l’aviez deviné, Kyle Valenti le soi-disant fils du shérif, Alex Withman, le garçon discret et réservé et… Elizabeth Parker, l’élève sans histoire.

Sean le dévisagea, intrigué par ses dires. Il ne pouvait pas croire ce qu’il venait d’entendre. Cela ne collait pas non plus avec tout ce qu’on lui avait dit. Des feuilles entières de son dossier parlaient de l’accident dont elle avait été victime.

-Vous voulez dire que Liz Parker est une alien ?
-Nous préférons le terme « pas de cette terre », si ça ne vous dérange pas. Mais oui, elle est l’une d’entre nous.

L’agent fédéral baissa la tête. Il posa son attention sur le dossier à peine ouvert. Il remonta alors son regard sur Nasedo.

- Vous avez l’air surpris, remarqua celui-ci.

Nasedo sourit discrètement. Sean avait laissé transparaître plus de surprise qu’il n’aurait dû.

-Je dois dire que oui. J’aurais plutôt pensé à Max Evans puisque c’est lui qui décide de votre sort.
-Il a beaucoup d’influence sur Liz, répondit tout simplement Nasedo.

Sean De Luca se leva. Il contourna Nasedo. Il l’observa un instant sur toutes ses coutures. Il s’agenouilla ensuite près de lui. le protecteur était toujours couché à terre.

-Et que s’est-il passé en septembre, au crashdown ?
-Lorsque l’on a tiré sur Liz, elle a bien été touchée. Max étant depuis peu attirée par elle, est alors venu à son secours. Mais elle s’est soignée seule sous les yeux du pauvre humain désemparé. Elle lui a alors tout avoué sur nous.

Nasedo avait raconté son histoire avec tellement d’impudence et d’assurance dans la voix qu’elle passait presque pour réelle. « Intéressant » pensa Sean. Il retourna s’asseoir. Il prit un stylo et nota les quatre noms sur une feuille qu’il inclut ensuite dans un dossier. Nasedo se sentit fier de lui.

-Ma cousine s’est donc entichée D’aliens pour amis.
-Extra-terrestres, rectifia Nasedo. Nous préférons aussi.

L’agent soupira. Cet ‘extra-terrestre’ n’était pas facile à cerner. Il passa sa main sur son menton avait de reposer à nouveau son attention sur son interlocuteur.

-Je sais que vous pouvez changer d’apparence, alors pourquoi ne pas le faire plus souvent. Vous gardez toujours cette forme là ?
-Souvent oui.

Nasedo remua quelque peu. Il était toujours poings et pieds liés. Cette situation commençait fortement à l’incommoder.

-Dites moi, vous pourriez peut-être me détacher maintenant ?

Sean sourit diaboliquement. Il n’en avait pas fini avec Nasedo. Croyait-il vraiment qu’il allait le libérer comme ça, sans profiter de la situation ? Nasedo allait finir sa vie dans un laboratoire. Sean comptait bien là-dessus.

-Oh non ! Je n’ai aucune envie de vous laisser partir.
-Vous n’en avez jamais eu l’intention, dit Nasedo qui avait soudain perdu ce ton arrogant qui le caractérisait.

Au fond, il s’en était douté. Mais il n’avait pas eu le choix. Il devait résister le plus possible. Si seulement ses mains étaient libres…

-Pour chaque puissance, commença Sean, il y a une faiblesse. Pour le feu, il y a l’eau, pour superman, c’est la chryptonite.

Il se leva et alla s’asseoir plus près de Nasedo, sur le rebord de son bureau. Il le fixa un instant, un sourire narquois sur les lèvres. Celui-ci se demanda de quoi parlait Sean.

- Figurez-vous qu’au FBI, ils ont trouvé la votre, de faiblesse.

Nasedo devint pale. Son teint blanchit. Il était persuadé cependant que Sean bluffait. Jamais il n’aurait trouvé ce qui le détruisait. Ils n’étaient que des humains, des cafards dont il fallait se débarrasser.

-C’est si évident quand on y pense, poursuivit Sean.

Il se leva à nouveau. Il commença à tourner en rond dans la pièce. Nasedo rit en lui-même. Typiquement humain cette manie de vouloir être debout pour faire un grand discours.

-Vous pouvez prendre l’apparence de n’importe qui. Vous n’avez donc pas de squelette, ni même de peau. Ce qui tue un être humain normal ne vous affecte pas. Par contre votre corps n’est composé que de molécule d’eau. Ce qui vous détruit c’est la chaleur. Pas la chaleur d’un été à Roswell, non. Une chaleur immensément plus intense.

Sean sortit quelques instants de la pièce pour revenir avec un appareil qui de loin aurait pu ressembler à un radiateur. Il luisait d’une magnifique lumière blanche. La chaleur que dégageait l’appareil paraissait déjà insoutenable alors que l’engin était à plus de quatre mètres de lui.

-Alors, prêt pour une petite séance de bronzage ?


Maria ressortit affolée de chez elle. Elle haletait. Elle était passé chez elle pour vérifier si Sean était là.

-Il n’est pas là. Ma mère ne l’a pas vu de la soirée.
-Max, il est tard, nous ne le trouverons pas aujourd’hui. Pourquoi ne pas rentrer chez nous, nous reposer et organiser une filature pour demain soir, suggéra Alex.

Ce fut approbation générale. L’unanimité l’emportait. Aucun d’eux n’était encore en état de passer à nouveau une nuit dehors, pour ensuite devoir trouver un bon alibi pour les parents.

-Bien, accordons-nous une nuit de sommeil tant que nous le pouvons encore. Maria, tu es chargée de la surveillance de ton cousin. S’il rentre, ne le lâche plus. Kyle, tu fais la même chose pour Tess. Elle a intérêt à avoir une bonne explication.

Liz rentra chez elle avec Michael. Maria poussa la porte de chez elle. Alex erra nonchalamment jusqu’à ce qu’il soit chez lui. Kyle avait insisté pour raccompagner Isabel et par conséquent, Max. Kyle et Isabel discutaient beaucoup ces derniers temps. Et le jeune homme appréciait sa compagnie. Il la considérait comme un égal, ce qui faisait beaucoup de bien à la jeune fille. Arrivé chez les Evans, Max salua vaguement Kyle puis grimpa directement dans sa chambre, sans un mot. Isabel resta quelques secondes avec son compagnon.

-Bonne nuit, sourit-elle. Rentre bien.
-Bonne nuit, Isabel. A demain.
-A demain.

Il aurait tant voulu lui dire autre chose. Pourtant quelque chose l’en empêchait. Il ne savait pas ce que c’était. Peut-être était-ce le marasme qui enveloppait le petit groupe à longueur de journée. Il finit par s’éloigner. Il rentra chez lui et sombra dans un profond sommeil.

L’appareil était étincelant, aveuglant même. Sean en prenait très grand soin. Il semblait le chérir comme si c’était là le bien le plus précieux pour l’humanité. Il savait qu’il tenait en main le sort de Nasedo.

-Savez-vous ce qu’est que cela ? lança-t-il à Nasedo en lui montrant.

Il secoua la tête en signe de dénégation. Il n’avait même aucune envie de le savoir. Il n’arrivait pas à croire que ça lui arrivait à lui.

-Ceci est un radiateur. Ne me regardez pas comme si j’étais le dernier des abrutis. Ce n’est pas pour votre confort personnel. Il s’agit d’un prototype destiné à diffuser une chaleur puissante et constante. Savez-vous ce que cela signifie pour vous ?

Nasedo fit un geste d’approbation de la tête. Bien sur qu’il avait compris. Cette machine allait le tuer à petit feu, le laissant se dessécher et se désintégrer très lentement. Et s’il avait le malheur de s’en approcher de trop près, il serait évaporé sur le champ.

-Il est tard dites moi, sourit Sean. Je vais devoir y aller. Je ne voudrais pas que ma tante et ma cousine ne s’inquiètent.

Il sourit mesquinement. Il aimait avoir ce pouvoir, cette domination ce le plus faible. C’était sans doute cette attitude qui l’avait auparavant conduit en prison. Il plaça l’appareil juste à coté de la porte.

-Juste au cas où, précisa-t-il en s’en allant.

Il passa la porte et la claque doucement. Il leva haut la tête, fier de ce qu’il venait d’accomplir. Il laissa Nasedo seul et rentra chez lui où Maria veillait déjà. Dès son arrivée, elle ne le lâcha plus.

Tess n’était pas rentrée chez les Valenti. Elle n’aurait rien trouvé à dire. Elle avait cherché son protecteur mais elle ne l’avait pas trouvé. Elle le savait, elle le sentait, il était prisonnier. Son prisonnier a lui, l’agent De Luca. Aurait-elle du le dire à Max ? Elle aurait du. Mais Max l’aurait rejeté - peut-être même tué- uniquement parce qu’il avait essayé d’éliminer Liz Parker. Pour sauver Nasedo, elle aurait sans doute eu besoin d’elle. Mais à présent, Liz ne servait plus à rien. Elle était inutile. Tess avait des envies de meurtre. Après tout, leur retour sur leur planète avait également été compromis à cause d’elle, son avenir avec Max aussi. Elle détestait cette vie. Le pouvoir, comme la haine, montait en elle. Elle traversa une rue puis un autre. Elle marchait, courait puis marchait à nouveau. Elle finit par s’arrêter devant un immeuble. Il était là. Nasedo était là, tout près.

Il était sept heures du matin. La journée du samedi pointait à peine le bout de son nez. Sean De Luca, lui, était déjà debout. Il déjeuna rapidement puis s’apprêta à partir.

-Où vas-tu ? l’interrompit Maria. Et pourquoi es-tu debout si tôt ?
-Je n’arrivais plus à dormir dons je me suis levé. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.

Il lui lança cette réplique d’un air tout à fait innocent. Il agrippa une pomme qui se trouvait à proximité. Il se tourna ensuite vers Maria et lui fit un clin d’œil.

- Je vais faire un tour.
-Je viens avec toi, annonça Maria ne sachant plus quoi faire pour le retenir.
-C’est inutile. Je n’en ai pas pour longtemps. Et puis tu es encore en pyjama.

Sean ouvrit la porte et sortit. Maria n’eut d’autre choix que de le laisser partir. Elle ne pouvait plus rien faire pour le retenir. Elle saisit alors son portable et appela Michael du départ précipité de son cousin. Celui-ci prévint Max. La jeune fille regarda par la fenêtre la direction qu’avait prise Sean.

-Maria, où vas-tu déjà si tôt ? l’intercepta sa mère.
-Je vais faire un tour, répondit-elle en l’embrassant sur la joue. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.

Déboussolée, Amy De Luca laissa sortir sa fille. Maria se posta devant chez elle afin d’attendre ses amis. Max arriva dans sa jeep, accompagné d’Isabel, Michael et Liz.

-Il a pris la direction du centre ville, déclara Maria.
-C’est vaste le centre ville, commenta Michael.

Maria habitait en bout de ville. Il avait juste vu Sean se diriger vers le centre. Mais Michael avait raison. Il y avait des centaines d’endroits où il aurait pu aller.

-Peut-être qu’Isabel pourrait entrer dans son esprit, proposa Liz. Sean est humain. Ce sera plus facile que pour Tess.
-C’est une bonne idée, approuva Max. Isa, tu t’en sens capable ?
-Je peux le faire ! annonça-t-elle déterminée.

La jeune fille commença sa concentration. Il fallait qu’elle pénètre dans l’esprit du cousin de Maria afin qu’il lui révèle des indications sur sa position.

L’agent De Luca gara sa petite voiture verte devant un grand immeuble. Le 24, spring street. Il grimpa les escaliers. Isabel était parfaitement concentrée à présent. Elle réussi à entrer. Elle vit le bâtiment, le numéro et Sean grimpant les escaliers.

-24, spring street, déclara-t-elle quand elle ressortit. Appartement 10 b.
-Ce n’est pas loin, nota Max.

Sean poussa la porte et éteignit l’engin. Il posa ensuite son regard sur le sol, où il s’attendait à trouver son prisonnier. Mais celui-ci était désert. Nasedo n’était plus là. Il avait disparu. Par quel moyen ? Il remarqua que la porte de la chambre avait été ouverte.

-Alors, on vous a aidé à vous échapper.
-C’est exact, lança une voix derrière lui.

Sean sursauta brusquement. Il fit volte face et pu ainsi apercevoir l’extra-terrestre. Il avait reprit dans le regard cette assurance qui l’avait auparavant caractérisé.

-Vous n’êtes toujours pas parti ? Cette pièce est pourtant un piège mortel pour vous.
-Je m’en allais justement.

Il fit nonchalamment quelques pas, tout en se dandinant le plus possible. Il fixait Sean de ses petits malicieux. Un petit rictus cruel s’était dessiné sur ses lèvres.

- Ce n’est pas très loyal pourtant. Je vous ai donné les noms des miens et vous, vous voulez me tuer.
-Ne prenez pas pour un imbécile. Les noms que vous m’avez donnés ne sont pas les bons. Me croyez-vous assez stupide que pour marcher dans ce jeu ?
-Bien.

Nasedo croisa les bras avant de détailler Sean. Il continuait de se dandiner d’un pied sur l’autre, ce qui eut le don d’agacer l’agent fédéral. Il l’aurait bien menacé de son arme, mais cela n’aurait eu aucun effet sur lui.

-Il est intelligent le cafard, sourit Nasedo. Malheureusement, vous n’êtes plus en position de force.

Tess apparut de l’autre coté de Sean, maintenant cerné par les extra-terrestres. Quelques gouttes de sueur commençaient à perler sur le front du jeune terrien. Il sentait la fin proche.

-Essayez de me retenir, dit Nasedo, et elle vous tue.

Dans la jeep de Max, les esprits s’énervaient. La tension était à son comble, aucun d’entre ne sachant à quoi s’attendre.

-Mais que va-t-il faire là-bas ? s’interrogea Maria tout en sautillant sur place.
-Maria, calme toi, dit Liz. Ça ne sert à rien de bouger dans tous les sens. On est bientôt arriver Max ?
-Dans quelques minutes.

Maria lança à nouveau ses bras dans tous les sens. Ses réactions impulsives reprenaient le dessus.

-J’aurais du insisté, ne pas le lâcher.
-C’est trop tard Maria, fit remarquer Isabel. Et puis maintenant, nous savons où il est.

Un silence malsain prit place. Même s’ils savaient où ils ignoraient ce qu’il faisait. Était-il vraiment cet agent du FBI qui leur faisait si peur ?

Toujours encerclé, Sean réfléchissait à toute vitesse. Il fallait qu’il trouve un moyen de s’en sortir, de sauver sa peau. Mais il doutait d’y arriver. Il n’aurait pas laissé Nasedo s’échapper, il doutait que lui en face. Il était en moins deux fois plus cruel que lui.

-Vous n’allez pas me tuer, articula difficilement Sean.
-Pourquoi ne ferais-je pas de vous ce que vous vouliez faire de moi ?
-On va s’apercevoir de ma disparition.
-Pas si je prends votre place.

Le sourire diabolique de Nasedo s’accentua. Tessa arborait le même. Sean était piégé. Quoiqu’il fasse, il était mort. Nasedo se mit alors à rire grassement.

-Pauvres humains, vous n’êtes vraiment pas une race très évoluée. Vous êtes si apeuré à la vue de quelqu’un de différent, de plus puissant. Lorsque j’aurai pris votre place croyez moi, vous aurez une vie de héro auprès de Liz et des autres. Le grand héro aura tué le méchant. Vous serez…

Nasedo ne termina pas sa phrase. Un éclair éblouissant venait de le frapper de plein fouet. Sean regarda celui, qui, il y a encore quelques minutes le menaçait, s’écrouler. Tess observa attentivement la dépouille de son protecteur se transformer en poussière. Elle baissa ensuite sa main.

-Vous l’avez, bafouilla Sean. Vous… vous l’avez tué.
-Je ne le laisserai plus jamais gâcher mes plans.

Tess s’avança vers Sean avec la même démarche nonchalante que son protecteur. Aucun doute sur le fait que cet homme sans cœur était bien celui qui l’avait élevé.

-Je le savais, je l’ai toujours su. Vous êtes la plus dangereuse.
-Vous me faites trop d’honneur, ricana-t-elle.

Tess se balada tout autour de la pièce. Elle souriait comme jamais encore elle n’avait sourit.

-Pourquoi tout ça ? Quel est votre but ?
-Mon but devrait être le même pour nous quatre. Mais eux n’en font qu’à leurs têtes. Ils ont des points d’attache ici. Tout ça depuis que Liz Parker a débarqué et que Max a eu la bonne idée de lui sauver la vie.

Tess s’énervait plus qu’elle n’aurait dû. Mais parler de leur but sur terre alors que tous les autres ne souhaitaient pas partir la rendait folle.

-Max Evans ? s’étonna Sean.
-Max Evans ! Il a eu cette idée saugrenue de mettre des petits humains dans le secret. Mais ce n’est pas ce qui était prévu. Ce n’est pas comme ça que ça devait se passer.
-Ce n’était pas votre destin.

Tess se retourna agressivement vers Sean. Qu’y comprenait-il, au fond, cet humain ? Il ne savait rien de la rage qui l’animait à chaque fois qu’elle pensait au fait qu’elle ne pourrait jamais repartir.

-Max est mon destin, Isabel celui de Michael. Nous ne devions pas rester. Nous devions repartir. Mais tout a été compromis. À présent, vous êtes mon seul espoir.
-Que voulez-vous dire ? dit-il sur un ton inquiet.
-Vous tuer est ma seule solution si je veux rester en vie.

Elle leva la main vers Sean. Elle pu capter la peur de l’humain. Il n’avait pas envie de mourir. Mais il le devait. Elle devait sauver sa vie en sacrifiant la sienne.

-NON, hurla-t-il. Je vous en prie non. NOOON.

Dans un cri tonitruant qui déchira l’air, Sean De Luca poussa son dernier soupir. Le corps inanimé de l’agent fédéral Sean De Luca s’écroula lourdement sur le sol.

La jeep arriva enfin à destination. Il se précipitèrent tous hors de celle-ci et se ruèrent vers les escaliers

-C’est ici, dit Isabel.

Elle avait reconnu la porte de l’appartement. Ils hésitèrent un moment. Que devait-il faire ? Il ne savait pas ce qu’ils allaient trouver. Ils frappèrent finalement.

-Entrer, leur répondit une voix masculine.

Ils poussèrent la porte qui se heurta à un radiateur. Ils pénétrèrent dans l’obscurité.

-Ha, c’est vous, dit la voix.

Ils se tournèrent tous vers Sean. Il était debout devant eux, les mains dans les poches, assis sur le bord de son bureau.

-Qu’est ce que tu fais ici ? lui demanda Maria.
-Je compte m’installer ici pour ne pas vous déranger toi et tante Amy. Je viens souvent ici, pour trouver la paix quand je n’arrive pas à dormir.

Il leva les yeux au ciel. Il soupira ensuite. Michael, Max, Isabel, Maria, Liz ignoraient ce qu’il fallait dire. L’aurait-il soupçonné à tort ? Ce n’était pas possible. Tout collait parfaitement.

-Et vous ? Qu’est ce que vous faites tous ici ? Comment m’avez-vous trouvé ?
-C’est une longue histoire, dit Max.
-Je ne vous invite pas à rester. J’ai beaucoup de choses à faire.

Sean raccompagna ses ôtes jusqu’à la porte. Ils les pressaient, les uns derrière les autres à quitter un plus vite son appartement. L’un après l’autre, ils sortirent. Arrivés en bas, ils échangèrent un regard perplexe.

-Je me suis finalement inquiétée pour rien, sourit Maria.
-Je crois qu’il valait mieux, dit Michael.
-Oui ! Acquiescèrent-ils tous en cœur.

Ils remontèrent en voiture. Ils avaient fait une erreur. Même si tout collait parfaitement, ils en étaient tout de suite arrivés à des conclusions erronées. Au fond, ça les arrangeait assez bien. Ils s’étaient peut-être fait du souci pour rien. Mais ça leur ôtait une sacrée épine du pied. Nasedo avait sans doute mentit. Ils savaient qu’ils auraient à faire au FBI un jour ou l’autre. Mais en attendant, ils allaient essayer de se changer les idées et de vivre tout simplement.

À l’étage, dans l’appartement de Sean De Luca, l’illusion se brisa. Le corps du pauvre agent De Luca gisait bien à terre. Et à ses cotés, sur ses deux pieds, affichant un sourire triomphant, Tess.

-Tout marche comme prévu !

Elle tendit la main vers les corps de l’agent fédéral. Une lumière apparut et le corps se décomposa. Il n’en resta plus que de la poussière. Elle baissa la main. Elle replaça ses cheveux.

- Il ne me reste plus qu’à jouer la fille qui a eu peur et tout ira bien. Enfin, nous pourrons rentrer…

Qu’a prévu Tess qui pourrait décider les autres à partir ? Que va-t-elle seulement leur dire ?

Fin de l’épisode 6

tpujours aussi bien tes épisodes

y faut vraiment avoir du courage et de la passion pour pouvoir écrire une fic aussi longue et en plus elle est trop belle!je sais je me répéte mais vraiment Virginie tu écris vraiment bien!

Mirchi bicou!!
C'est très gentil...
Ca pour être de la passion, Ca l'est!

tu ne manques pas d'imagination toi alors... et de talent!! c tout simplement extra, je me regale a lire tes fanfics et toutes les autres d'ailleurs! moi je n'écris pas, faut dire que j'aurai un peu honte si je le faisais...alors vraiment je vous admire tous vous écrivain en herbe! vraiment je sai pa quoi dire de plus, comme on dit je reste sur le c.. lol

Ca c'est du compliment!
Je te remercie beaucoup!
Ca fait toujours plaisir de savoir que des gens aiment ce qu'on a fait...

MERCIIIII!!!